Après le sommet “ avorté “ du mois dernier, au cours duquel aucune décision n’avait été prise sur les “ cas “ malien, guinéen et burkinabè, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a remis le couvert hier sur le même sujet, avec cette fois-ci, une volonté manifeste de desserrer l’étau autour des trois pays, même si certaines décisions nous paraissent quelque peu tirées par les cheveux, en ce sens qu’elles ne semblent pas prendre en compte toute la complexité des problèmes auxquels sont confrontés ces pays, principalement le Mali et le Burkina.
Il nous revient en effet que si l’instance sous régionale a décidé de lever les sanctions financières et commerciales prises à l’encontre de Bamako, elle plaiderait dans le cas du Burkina Faso pour un raccourcissement de la durée de la Transition, afin que le pays aille à marche forcée vers des élections démocratiques et consensuelles. Une intention, certes louable, mais qui ne tient pas compte peu ou prou, de la situation concrète du pays des Hommes intègres.
Ce ne serait pas faire preuve de conjectures funestes que d’affirmer que nul ne peut dire de quoi demain sera fait sur le plan sécuritaire, même si la « montée en puissance » de l’armée observée ces derniers temps donne des raisons d’espérer. Ce que les uns et les autres oublient en effet de dire dans l’analyse de cette crise sécuritaire, c’est qu’elle a eu le temps de s’enkyster et de se métastaser tel un cancer d’une part et que les ressorts “ idéologiques “, anthropologiques et sociologiques sur lesquels elle s’appuie (compte non tenu des considérations géostratégiques mondiales) nécessitent une concertation encore plus renforcée entre tous les pays de la région pour éradiquer ce cancer.
Entre flibustiers déguisés en pseudo mahométans, bandits de grands chemins et corsaires internationaux, le tableau clinique nécessite un diagnostic long et patient, avant toute éventuelle chirurgie. Les cris d’orfraie de politiciens pressés de retrouver leur “ gâteau “ ne doivent donc pas donner l’occasion de répéter les erreurs du passé, avec des élections qui s’apparentaient à un cautère sur une jambe de bris et qui plongeraient davantage nos pays dans le chaos.
Le fétichisme des dates ne devrait pas être de mise, les intérêts des pays concernés devant être la seule boussole. Avec des pays qui ont une base infrastructurelle faible, les superstructures ne peuvent être qu’à l’avenant, ce qui pose aussi la question du développement de nos Etats. L’affaire est de ce fait trop sérieuse pour que nous confondions vitesse et précipitation dans son règlement. Il y va de la survie de l’institution sous régionale elle-même, car si les trois pays se délitent, ce sera la voie ouverte à l’apocalypse. Ce qu’à Dieu ne plaise.
Boubakar SY