Demande de pardon de Blaise Compaoré : « J’aimerais que le Burkina apprenne de la justice rwandaise rendue aux génocidaires », Enoch Havyarimana
Ce mardi 26 juillet 2022, dans une lettre attribuée à Blaise Compaoré et lue par Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement, l’ancien président burkinabè actuellement en exil en Côte d’Ivoire demande pardon au peuple burkinabè et à la famille de feu Thomas Sankara. Une équipe des éditions Lefaso.net a tendu son micro aux citoyens de Ouagadougou pour recueillir leurs différents avis concernant cette demande de pardon.
Roukiatou Dahourou, élève en classe de terminale
« Qu’on lui pardonne ou qu’on ne lui pardonne pas, cela ne changera absolument rien au mal qui a été déjà fait ».
M. X
« Sincèrement, la démarche est noble et pleine de bon sens. Et passer par son unique enfant pour transmettre ce message, je trouve ça vraiment touchant. Cela n’apaisera en aucun cas le cœur de la famille Sankara et des autres disparus, à juste raison. Mais c’est bien qu’il ait reconnu, même à demi-mots, et ait demandé pardon. Maintenant en tant que citoyen burkinabè, j’accepte son pardon et espère vraiment qu’il pourra vraiment nous aider à vaincre son monstre qui nous combat depuis sept ans. J’espère aussi que Roch Kaboré se comportera en homme, cessera de suivre la masse et de se faire manipuler par son entourage, prendra des dispositions et entamera également une démarche de réconciliation et de paix. Actuellement, moi personnellement je m’en fous de qui est voleur et qui est corrompu. Franchement, je veux simplement la sécurité et la paix dans mon pays. Aller à Dori et revenir les yeux fermés, c’est tout ce que l’on demande ».
Dame A.K, étudiante
« Si le peuple accepte son pardon, il risque d’être président encore. Et si le terrorisme s’arrête grâce à son intervention qu’est-ce qui prouve que ce n’était pas lui derrière tout ceci ? Ce qui est mieux c’est de trouver un bon président jeune et dynamique, pas de militaires, ni les vieux loups ».
Inocent Alloukoutoui, consultant en communication politique
« Blaise Compaoré s’excuse pour tout le mal qu’il a fait au peuple burkinabè et surtout à la famille Sankara. Est-ce une manière d’avouer finalement l’assassinat de son ami Thomas Sankara ? S’il est vrai qu’un adage dit que qui s’excuse s’accuse, il n’est pas exclu que certains crimes méritent d’être avoués publiquement. »
Inocent Alloukoutoui
Séraphin Nébié, ingénieur en bâtiment
« Je trouve que demander pardon, c’est déjà pas mal. En fait, je suis convaincu qu’il n’a pas voulu la mort de Thomas Sankara. Nous sommes tous au courant de ceux qui sont à l’origine. Si réellement la mort de Sankara était organisée par Blaise Compaoré, la loi divine n’allait pas le laisser vivre pendant aussi longtemps ».
Dessin Dénangnon Hospice, Gestionnaire de projets
« Un pardon ? Cette demande de pardon est-elle vraiment sincère ? Qu’a-t-il fait pour demander pardon ? Il a toujours plaidé non coupable pour ce que nous savons tous ».
Enoch Havyarimana, Traducteur en formation
« Blaise Compaoré a fait combien d’années après avoir assassiné le vrai panafricaniste Sankara ? Demander pardon aujourd’hui à la famille qu’il a trahie, c’est étonnant. Quel profit apporte-t-il à la famille qui a perdu son fils et à l’Afrique entière qui a perdu son héro ? Le système judiciaire en Afrique devrait être redéfini. Compaoré doit répondre au massacre qu’il a commis. J’aimerais que le Burkina apprenne de la justice rwandaise rendue aux génocidaires ; jusqu’aujourd’hui, la chasse aux auteurs dudit massacre inhumain continue ».
Patricia Coulibaly
Lefaso.net