La semaine dernière, le facilitateur désigné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise guinéenne, Thomas Boni Yayi, a eu une série de rencontres avec des responsables de partis politiques, des représentants d’organisations de la société civile et les nouvelles autorités guinéennes dont le président de la Transition, le colonel Mamady Doumbouya et le nouveau Premier ministre, Bernard Goumou. La mission première de l’ancien président togolais est de trouver un modus vivendi sur le chronogramme de la Transition et à même de réconcilier les Guinéens. A ce propos, la CEDEAO campe sur un délai de 24 mois en lieu et place des 36 mois, déjà entérinés par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Parviendra-t-elle à concilier les deux parties ?
Il est encore prématuré de se prononcer quant à l’issue de ce processus qui n’est qu’à ces débuts, mais une chose est sûre, la tâche s’annonce ardue. En effet, c’est la deuxième fois que le médiateur séjourne à Conakry sans que la fumée blanche ne se dégage. Pour cette deuxième sortie, Thomas Boni Yayi a pris langue avec plusieurs composantes de la société guinéenne qui ont déballé une kyrielle de revendications. Ils souhaitent, entre autres, la mise en place d’un cadre de dialogue crédible qui regroupera d’un côté le CNRD et le gouvernement et de l’autre les acteurs politiques et sociaux. La libération des prisonniers politiques et de la société civile, l’arrêt des harcèlements et poursuites judiciaires contre les leaders politiques, les acteurs de la société civile et l’annulation de l’arrêt portant dissolution du Front national pour la défense de la Constitution sont également au cœur des échanges. Face à ces préoccupations, d’autres voix crient à la marginalisation. L’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme n’a pas eu droit au chapitre. Elle qui avait été pourtant conviée à la table du médiateur.
La rencontre a été annulée sans aucune autre forme de procès. Ces hésitations montrent à souhait que des efforts doivent être consentis par le médiateur pour remplir sa mission. Pour cela, il a besoin d’une atmosphère propice au dialogue au regard de la délicatesse des questions. Le facilitateur devrait nécessairement garder une oreille attentive sur ces voix discordantes au risque d’annoncer de « bonnes nouvelles » qui ne plairont pas à tous. Du reste, les parties prenantes devront songer à mettre de l’eau dans leur vin. A ce titre, les nouvelles autorités de Conakry se doivent de donner le bon exemple. Car, c’est à ce prix que la paix reviendra au pays de Sekou Touré à la grande satisfaction des populations.
Abdoulaye BALBONE