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Kaya: La lenteur de la distribution des moustiquaires décriée sur certains sites
Kaya, 1er sept 2022 (AIB)-48 heures après le lancement de la campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA), une équipe de l’AIB a fait le tour de quelques sites de distribution. La lenteur dans la vérification des fiches, le nombre restreint de personnes retenues par jour et la présumée discrimination dans la dotation sont entre autres, les insuffisances décriées par les intervenants.
«Hier, j’ai passé toute la journée ici. Après avoir distribué 100 tickets d’appel aux 100 premières personnes, on nous a dit de partir et revenir demain. Aujourd’hui (ndlr : 31 août 2022), j’ai prié fajr (prière de 5h ici). Je n’ai pas encore eu. Je ne sais pas si je vais avoir demain…» fustige Minata Pafarnam, la soixantaine bien sonnée, quatre tickets en main.
Nous sommes sur le site de distribution du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur n°2, sis au côté Est du lycée municipal de Kaya.
Il est 12h 52 mn. Dans le bâtiment de distribution des MILDA, sis au côté Sud dudit CSPS. L’engouement n’est pas de taille. Sommées par l’équipe de distribution de revenir demain pour le troisième jour, les personnes qui ne possèdent pas de tickets d’appel ne décolèrent pas.
4. Environ 54 ballots de MILDA seront distribués aux populations sur le site de l’école Centre A de Kaya.
Après 48 heures d’attentes, Bibata Sawadogo vient de recevoir neuf moustiquaires en contrepartie de trois tickets MILDA fournis. Sourires aux lèvres, elle tient difficilement sa dotation.
«J’ai souffert. Mais j’ai eu mes moustiquaires aujourd’hui. Je remercie les donateurs », déclaré-t-elle. Pour elle, ces MILDA leur permettront de lutter efficacement contre les piqûres de moustiques.
Pour la cheffe d’équipe du site de distribution du CSPS du secteur n°2, Dominique Bilgo, tout se passe bien sans difficultés majeures.
5. La responsable du site de l’école Centre A de Kaya, Pélagie Traoré (droite) souhaite que le nombre de moustiquaires soit inscrit directement sur les bons pour faciliter la distribution.
«On arrive à retrouver les numéros sans problème. On arrive aussi à cadrer les gens par rapport à la prise des moustiquaires, parce que nous faisons la sensibilisation sur la technique d’utilisation…», rassure-t-elle.
Selon Mme Bilgo, sur ce site du CSPS du secteur n°2, il est prévu d’évacuer 520 MILDA par jour, soit en moyenne 13 balles. A la mi-journée du deuxième jour (12h53mn), selon Mme Bilgo, 28 balles de 40 MILDA, soit 1120 moustiquaires sont déjà distribuées aux populations. « Hier, nous avons distribué 13 balles de 40 MILDA. Et, aujourd’hui, nous sommes à 15 balles…», se réjouit-elle.
8. Bibata Sawadogo vient de recevoir ses neuf moustiquaires après deux jours d’attente et de bousculade.
Pourtant, les populations se plaignent de prendre juste un nombre restreint de bénéficiaires et demandés aux autres personnes de revenir le jour suivant.
«Je suis fatiguée de revenir demain. D’ailleurs, je ne reviendrai plus ici. Gardez vos moustiquaires…», lance une dame avec un enfant dans les bras, sans vouloir se prêter à nos questions.
Sur cette situation, la cheffe d’équipe se défend. Pour elle, cela s’explique par le fait que les gens viennent avec beaucoup de bon de MILDA. « Par exemple, une seule personne peut amener au moins dix bons. Si c’est cinq bons par personnes, ça valait mieux. Et, tout le monde veut prendre le même jour et en même temps », justifie Dominique Bilgo. Selon elle, la distribution se fait de 7h à 16h. Et, ce du 30 août au 4 septembre prochain.
2. Balkissa Kargougou crie à la discrimination.
Outre, la distribution, les bénéficiaires sont sensibilisés à la technique d’utilisation des MILDA.
«Une fois à la maison, les bénéficiaires doivent étaler leurs moustiquaires dans l’ombre pendant deux jours avant de les attacher aux quatre côtés. Et, les bords doivent être bien enfouis sous la natte ou le matelas de sorte à éviter que les moustiques n’entrent à l’intérieur. Le lavage des moustiquaires se fait uniquement avec du savon Citec avec un maximum de 20 lavafe dans l’année », indique la cheffe d’équipe.
Nous mettons le cap sur le site de l’école Centre A. Là, les femmes, hommes et enfants sont assis sous les arbres en attente de leur tour.
Deux rangs (femmes et hommes) sont formés par l’équipe de distribution. Et, les appels se font de façon alternative. La lenteur dans la distribution est aussi décriée.
3. Abdoul Nasirou Ouédraogo accuse la lourdeur dans la vérification des fiches d’enregistrement.
Pour les populations, la distribution s’est arrêtée à 14h la veille alors qu’elle est censée aller jusqu’à 16h comme prévu.
« Hier, je suis arrivé ici à 9h et rentré à 14 h après l’arrêt de distribution. Ils ont dit qu’ils allaient descendre à 15h. Mais, ils nous ont dit que leur supérieur hiérarchique les a ordonnés de descendre à 14h. C’est pourquoi, je n’ai pas eu hier. Aujourd’hui, je suis venu à 7h et j’ai trouvé qu’ils avaient déjà commencé la distribution. Mais, jusqu’à présent (12h18mn) je n’ai pas encore eu. Je pense que cette fois-ci je vais avoir, parce qu’il y a une seule personne devant moi », déplore Abdoul Nasirou Ouédraogo, habitant du secteur n°3 de Kaya, avec en main six bons.
Pour lui, cette lenteur se trouve dans l’organisation des rangs d’appel et la vérification des listes de recensement pour savoir le nombre de moustiquaires à doter.
«J’ai fait deux jours sans travailler juste pour prendre de moustiquaires. Certains étaient là hier, aujourd’hui, ils ne vont pas avoir et ils seront obligés de passer toute la journée demain encore », fustige Abdoul Nasirou Ouédraogo.
Trois bons en main, Balkissa Kargougou, elle-aussi, éprouve de difficultés pour entrer en possession de ses dotations en MILDA.
7. Dominique Bilgo (en blouse) invite les populations à la patience.
«Je me suis alignée hier (30 août) sans avoir mes moustiquaires. Aujourd’hui encore je suis dans l’incertitude», confie-t-elle d’un air découragé.
Notre interlocutrice crie à la discrimination entre les bénéficiaires. « Certaines personnes dans l’équipe appellent des gens au téléphone et ils viennent nous enjamber pour prendre leurs moustiquaires sous prétexte qu’il s’agit des vieillards. Il y a une femme qui est venue prendre avec un sac partir. Un autre homme est venu prendre aussi un lot sur sa moto Winner et repartir », s’indigne Balkissa Kargougou.
Elle invite les équipes de distribution à la transparence et à l’équité dans la distribution des MILDA.
«Les gens se plaignent sur la lenteur dans la distribution, parce que les vérifications des numéros et noms prennent du temps. Alors que pour les années précédentes, le nombre de moustiquaires à doter figuraient sur les bons. Ce qui rendait la tâche facile à distribuer », justifie la responsable du site de l’école Centre A, Pélagie Traoré/Ouédraogo
Qu’à cela ne tienne, la fréquentation est de taille sur ce site de distribution. «Hier, nous avons distribué 1 864 MILDA. Et ce matin, on avait 1 804 moustiquaires à distribuer. Nous attendons la fin de la journée pour faire le décompte et voir combien nous avons évacué », se réjouit-elle. A entendre Mme Traoré, c’est au total environ 54 ballots, soit 2 160 moustiquaires qui seront distribuées aux populations sur son site pendant les six jours de la campagne.
Comme difficultés, outre la lourdeur dans la vérification, Pélagie Traoré recense le manque de signature des bénéficiaires sur les listes de dotation et le nombre de moustiquaires doté. « Les gens se plaignent qu’une moustiquaire pour deux personnes est insuffisant », déclare-t-elle.
Agence d’information du Burkina
Emil Abdoul Razak SEGDA