La configuration du nouveau gouvernement de Transition est connue depuis le mardi 25 octobre 2022. Cette équipe, dirigée par l’avocat Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, se compose de 23 ministres, dont 18 hommes et 5 femmes. Le chef du gouvernement n’a pas suivi à la lettre la Charte de la Transition qui a prévu 25 ministres. Jugeant ce nombre élevé, il l’a revu à la baisse, en accord avec le chef de l’Etat, Ibrahim Traoré. Me Kyélem marque ainsi une différence avec l’équipe gouvernementale précédente du Dr Albert Ouédraogo qui comprenait 25 membres. Fondamentalement, les dénominations des départements ministériels n’ont pas changé dans le gouvernement Kyélem, à part quelques réaménagements. Le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale a désormais rang de ministre d’Etat. On assiste également à un regroupement des domaines de la Solidarité, de l’Action humanitaire, du Genre, de la Famille et de la Réconciliation nationale dans un seul ministère et la création d’un poste de ministre délégué chargé de la Sécurité auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité.
Aussi, le ministère des Affaires religieuses et coutumières qui n’était pas vu d’un bon œil par certains citoyens, a-t-il été supprimé. Au premier abord, cinq ministres du gouvernement déchu ont été reconduits dans le gouvernement Kyélem. L’ex-syndicaliste, Bassolma Bazié reste au ministère de la Fonction publique et voit son pouvoir renforcé avec le statut de ministre d’Etat évoqué plus haut. Dr Robert Lucien Jean Claude Kargougou garde aussi les commandes du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Idem pour la ministre en charge des Affaires étrangères, la diplomate chevronnée, Olivia Ragnaghnewendé Rouamba, son binôme, le ministre délégué, Karamoko Jean Marie Traoré et la ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, l’ingénieure en informatique, Aminata Zerbo/Sabane. Ces cinq personnalités ont été maintenues dans leur fonction, sans doute à cause de leurs qualités humaines et compétences professionnelles. Même si d’aucuns estiment que le nouveau pouvoir ne devait pas composer avec elles.
Ces « têtes pleines » devraient travailler dans la continuité, en poursuivant les réformes dont elles ont la charge. 17 autres compatriotes ont été appelés, pour la première fois, au gouvernement par Me Kyelem, certainement pour de bonnes raisons. Au rang des nouveaux venus, figurent le colonel-major Kassoum Coulibaly, pas très connu des Burkinabè, « propulsé » ministre d’Etat, ministre de la Défense et des Anciens combattants, portefeuille précédemment occupé par le désormais ex-chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce gradé est promu dans un contexte de lutte contre le terrorisme où il sera forcément en première ligne, au regard de ses attributions spécifiques. L’ex-commandant de la Brigade de veille et de défense patriotique (BVDP) et gouverneur de la région du Centre-Est, le colonel Boukaré Zoungrana, nommé ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, ne devrait pas aussi avoir un sommeil tranquille. Le Burkina étant sous les feux de l’ennemi, ses deux ministres seront très sollicités. Le journaliste et présentateur, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, prend également place dans le navire, avec pour mission de conduire le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme.
Ce célèbre homme de média qui a roulé sa bosse au sein de la Radiotélévision du Burkina (RTB), devrait apporter sa pierre à la construction de la Nation, à une période décisive de son histoire. Dans le lot des nouveaux, on compte d’autres visages pour ne citer que ceux-ci. Il s’agit de l’inspecteur des Impôts, Aboubacar Nacanabo, élevé au rang de ministre de l’Economie ; du patron du Syndicat des commerçants, Roch Donatien Nagalo, « casé » au département du Commerce ; de la magistrate Bibata Nebié/Ouédraogo, placée à la tête du ministère de la Justice et de l’ancien directeur des infrastructures de la Présidence du Faso, Adama Luc Sorgho, qui s’est vu confier les rênes du département de tutelle. Peu importe leur provenance ou atouts, ces ministres sont appelés à évoluer dans un contexte inédit qui nécessite d’énormes sacrifices de leur part. La Nation étant menacée dans son existence, ils doivent faire bloc derrière le capitaine Traoré et le Premier ministre Kyélem pour libérer le pays de l’emprise des terroristes.
Le patriotisme, l’engagement et la solidarité doivent être de mise au sein de l’équipe gouvernementale, en cette période de guerre. Les ministres doivent mettre l’intérêt de la Nation au-dessus de tout, dans leurs actes de tous les jours. Ils sont au chevet du pays et doivent œuvrer individuellement à ce qu’il sorte de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve actuellement. Tous leurs efforts doivent aller dans le sens et rien que dans ce sens. Dans ce Burkina « sous perfusion », privilégier ses ambitions personnelles au détriment des priorités du moment serait suicidaire. A propos, le Premier ministre a déjà donné des assurances et l’on ne peut que s’en réjouir. « C’est un gouvernement de combat qui a été formé, ce n’est pas un gouvernement de dîner gala », a affirmé Me Kyélem, au sortir de la réunion de prise de contact à la Primature. La précision en vaut la peine, à l’heure où les attentes sont nombreuses et pesantes. Méconnaissable, le Burkina Faso doit retrouver sa paix d’antan. C’est une obsession pour ses fils et filles, qui rêvent de vivre des lendemains meilleurs. Dans ces circonstances, le gouvernement Kyélem, appelé à se pencher prioritairement sur la lutte contre l’insécurité et la gestion de la crise humanitaire, concentre tous les regards. Il incarne un ultime espoir…
Kader Patrick KARANTAO