Le Réseau national pour une plus grande implication des personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA dans la lutte contre le VIH/SIDA au Burkina Faso (REGIPIV) a rendu hommage à ses pionniers au cours d’une soirée pleine d’émotions, le vendredi 28 octobre 2022 à son siège à Ouagadougou.
Gertrude Condé/Dayo est une sexagénaire qui vit avec le VIH/SIDA depuis 24 ans. Mme Condé estime devoir ces deux décennies de vie à Dieu, mais aussi au Réseau national pour une plus grande implication des personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA dans la lutte contre le VIH/SIDA au Burkina Faso (REGIPIV) qui l’a soutenue jusqu’à ce jour.
« J’ai découvert mon statut sérologique le 16 septembre 1998 à l’hôpital St Camille de Ouagadougou. Mon mari était déjà décédé de la maladie et certaines personnes de mon entourage m’ont encouragée à aller me faire dépister. Chose que j’ai faite et j’ai découvert ma situation », se remémore t elle.
Pour Gertrude Condé/Dayo, c’est grâce au REGIPIV qu’elle est encore en vie aujourd’hui.
A l’époque, se souvient Mme Condé, vivre avec le VIH était synonyme de rejet et de discrimination. Et elle n’a pas été épargnée avec ses six enfants.
« Même certains de nos proches ne voulaient plus entendre parler de nous », se rappelle-t-elle avec amertume.
C’est dans cette situation que dame Condé a fait la rencontre du REGIPIV dont le slogan « de la solidarité née l’espoir » est resté gravé dans son cœur jusqu’à ce jour. Loin d’être juste un slogan, la solidarité qui émanait de cette association était réelle. Gertrude Condé soutient en avoir bénéficié sur plusieurs plans.
Engagement au profit des autres
En plus du soutien dans sa prise en charge sanitaire en tant que Personne vivant avec le VIH (PV-VIH), Mme Condé dit avoir reçu beaucoup d’amour de la part des membres de cette association. Pendant que beaucoup la rejetaient, eux l’ont accueillie comme une membre de leur famille. Toute chose qui, en plus de lui avoir permis d’accepter son statut, lui a donné le courage d’aller de l’avant en vue d’aider ceux qui sont dans la même situation qu’elle dans sa région.
C’est ainsi qu’est né, sous son leadership, un regroupement des PV-VIH de sa localité en vue de mieux se prendre en charge et partager leurs difficultés communes.
En plus de cela, dame Condé s’est lancée dans la sensibilisation sur le VIH/SIDA afin d’aider ceux qui ne sont pas encore atteints de la maladie à s’en prémunir.
Mention spéciale a été faite lors de la soirée de récompense à Mamadou Sawadogo un des pionniers de la lutte contre le VIH qui a été à l’origine de la création du REGIPIV.
« En ce temps, c’est-à-dire dans les années 2001, il était difficile d’organiser des séances de sensibilisation dans la ville. Je procédais donc à du porte à porte pour éveiller les esprits sur cette maladie », indique la sexagénaire.
Depuis 2001 jusqu’à nos jours, Gertrude Condé ne s’est plus reposée un seul instant. Elle est restée une personne active dans la lutte contre le VIH/SIDA dans sa région et au sein du REGIPIV. Cet engagement lui a valu une reconnaissance des premiers responsables du REGIPIV dans la soirée du vendredi 28 octobre 2022 à Ouagadougou.
Tapis rouge à Mamadou Sawadogo
En plus de Gertrude Condé, une vingtaine d’acteurs ont été distinguées lors de cette soirée.
Parmi eux figurent Mamadou Sawadogo, un des pionniers du REGIPIV, présent dès le début et qui continue d’apporter sa pierre à la lutte en tant que président du conseil d’administration du réseau.
Un tapis rouge lui a de ce fait été déroulé pour avoir, avec deux autres camarades, eu l’idée de mettre en place ce réseau qui a suscité l’espoir auprès de milliers de PV-VIH au Burkina.
Les débuts n’ont pas été faciles selon le témoignage plein d’émotion fait par M. Sawadogo lors de la cérémonie de récompense. Mais, « ils ont tenu bon et aujourd’hui les résultats de leurs actions sont multiples ».
L’équipe actuelle du REGIPIV s’est dite apte à continuer la lutte engagée par les pionniers.
Une raison de plus selon le coordonnateur du REGIPIV, Adama Ouédraogo, de leur rendre hommage et recevoir leurs bénédictions pour la suite de la lutte. Car, même si beaucoup d’acquis ont été engrangés, beaucoup de défis restent encore à relever.
Si les devanciers ont eu le courage de se battre contre vents et marrées pour le bien être des PV-VIH, a estimé M. Ouédraogo, ce n’est pas à eux, jeunes, de baisser les bras aujourd’hui.
« Nous n’avons pas d’excuse pour ne pas continuer cette lutte pour laquelle beaucoup de nos aînés ont consacré toute leur vie. Et nous promettons de faire mieux qu’eux en nous appuyant sur les bases solides qu’ils ont posé », a déclaré le coordonnateur.
Nadège YAMEOGO