Politique

Tensions foncières et de logements au Burkina : Une réalité qui défie les gouvernements

Les préoccupations liées à la spéculation des terres urbaines, et même rurales, et les pressions de logements qui tenaillent les populations burkinabè ont, jusque-là, défié les gouvernements qui ont appréhendé le sujet dans les discours. Le gouvernement du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambèla qui vient également de pointer le doigt sur le mal parviendra-t-il à, enfin, vaincre le signe indien, pour le bonheur de la grande masse des populations ?

« Ces dernières années, la spéculation foncière a pris une ampleur considérable en milieu urbain, et surtout en milieu rural. Sans un encadrement dans ce domaine, la société court le risque d’une violente implosion. C’est pourquoi, un recensement sera fait afin d’y mettre de l’ordre. Dans ce domaine également, les premières actions porteront sur l’accélération de la digitalisation du foncier afin d’y apporter la transparence et cela permettra un recensement plus précis des parcelles, et la détection des éventuelles anomalies, tant dans les attributions que dans les acquisitions. En outre, la digitalisation permettra d’avoir une transparence sur le cadastre fiscal et l’application de la fiscalité sur les propriétés bâties et non bâties sera un début de solution contre la spéculation foncière et immobilière », ressasse le Premier Apollinaire Kyelem de Tambèla dans sa Déclaration de politique générale, ce samedi 19 novembre 2022.

Il annonce, à cet effet, une étude dans l’éventualité de fixer un prix plafond pour les parcelles à usage d’habitation. Une dynamique qui devra, poursuit-il, jouer non seulement sur le prix d’achat des parcelles, et, partant, sur le coût des loyers à usage d’habitation. « Ce qui permettra de soulager les petits revenus qui peinent à trouver un logement décent dans les centres urbains », jauge le Chef du gouvernement.

Cette autre partie de la feuille de route au relent révolutionnaire de Me Kyelem de Tambèla est sans doute attendue avec trépignement par les populations, tant le poids de la spéculation foncière et de la pression de logements se vit au quotidien. Parviendra-t-on, enfin, à l’idéal toujours prêché par les pouvoirs successifs et tant attendu par les populations ? C’est certainement tout le mal que les Burkinabè souhaitent au présent gouvernement. Les promesses sur cette préoccupation cruciale ont trop duré.

A la transition de 2014-2015, le Conseil national de la Transition a adopté, le 22 décembre 2015, une loi relative au bail locatif. Aux termes de cette loi, le montant du loyer doit être égal à 7% des investissements du bailleur pour la construction de la maison. Selon l’étude menée à cet effet, une valeur locative de 7% et un délai de récupération de l’investissement de quinze ans peuvent garantir au marché du bail d’habitation privée un équilibre entre les intérêts des bailleurs et des locataires. Sept ans après, les nuages ne se dissipent pas.

Le pouvoir Roch Kaboré qui a succédé s’est ‘’saisissait » également la préoccupation. Hélas, le boom des sociétés immobilières et leurs multiples pratiques décriées par les populations, le tâtonnement de la politique de logements sociaux… et toutes ces récriminations sur le sujet depuis le pouvoir Compaoré, ont fini par faire de la résolution de cette angoisse, un véritable serpent de mer. Aujourd’hui, ces détresses foncières et de logements suscitent la question même de la sincérité des dirigeants (déjà à l’abris et nantis de moyens) vis-à-vis des populations.

« Comment désamorcer la bombe, si les plus grands propriétaires terriens sont des autorités politiques et administratives ? », s’interrogeait à juste titre, l’économiste-chercheur et directeur de l’Institut Free Afrik, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, à l’occasion de l’assise nationale sur la problématique du foncier organisée par la Commission épiscopale justice et paix au Burkina, en avril 2021.
Le diagnostic est donc fait, le mal est connu, de multiples réflexions et propositions pour relever le défi existent et foisonnent, il faut simplement appliquer, maintenant, l’antidote.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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