Burkina : Ce qu’il retenir de Déclaration de politique générale du Premier ministre
A l’instar des précédents Premiers ministres du Burkina Faso, Me Apollinaire Kyelem de Tambela a sacrifié à la traditionnelle Déclaration de politique générale (DPG), le samedi 19 novembre 2022. Un exercice qui a convaincu les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT), qui l’ont l’adoptée par 64 voix pour, quatre contre et une abstention. Retour sur certains axes majeurs de cette DPG.
D’emblée, le chef du gouvernement, Me Apollinaire Kyelem de Tambela, a prévenu les membres de l’ALT qu’il ne va pas prononcer un discours protocolaire. « Je ne suis pas venu égrainer un chapelet de promesses. Je suis venu vous demander, tout au long de votre mandat, de donner au gouvernement les moyens d’action pour répondre aux aspirations du peuple burkinabè », a-t-il débuté.
Ainsi, le Premier ministre a donné le ton. La sécurité est la priorité des priorités de ce « gouvernement de combat ». Du côté du pouvoir législatif, les députés sont en mission et ils ne sont pas des « députés de gestion », a clarifié Me Apollinaire Kyelem de Tambela. « L’essentiel des moyens sera orienté vers la sécurisation du territoire et des populations. Moyens matériels et financiers, aussi bien qu’humains, culturels et spirituels ».
En plus du terrorisme, le chef du gouvernement a fait mention de l’insécurité qui existe dans les cités, les rues et les familles, qui menacent le vécu quotidien des Burkinabè. « Le gouvernement veillera à une meilleure appropriation du code de la route par les citoyens et à une application rigoureuse des différents textes encadrant la circulation routière », a-t-il signalé. Et d’ajouter que le code de la route sera enseigné dès l’école primaire.
Ne pas fermer les yeux sur nos réalités
Comme annoncé dès le premier contact avec le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, le deuxième objectif de ce gouvernement est le « bien-être des Burkinabè ». Selon le Premier ministre, « la paix sans le développement est une paix fragile. Elle pourrait être perturbée par n’importe quel évènement, si insignifiant soit-il ».
Ainsi, Me Apollinaire Kyelem de Tambela et son équipe comptent mettre en place des mesures concrètes, incitatives et d’orientation. « Nous ne pouvons pas assurer le bien-être de la majorité si nous fermons les yeux à nos réalités, tout en les gardant grand ouverts sur celles des autres », a-t-il insisté.
Pour ce faire, les domaines de l’agriculture, l’élevage, les infrastructures routières et ferroviaires, la santé, l’éducation, la culture, le sport et l’organisation sociale vont connaître de nouvelles orientations pour un Burkina Faso plus prospère.
Lutter contre la corruption
Le troisième et dernier objectif de ce gouvernement étant l’amélioration du système de gouvernance, Me Apollinaire Kyelem de Tambela demande aux Burkinabè d’« oser inventer l’avenir », en citant Thomas Sankara. Pour ce faire, le Premier ministre appelle à une « refondation de la société ».
« Il ne saurait y avoir de cohésion sociale dans une société gangrénée par la corruption », a déclaré le chef du gouvernement. Il a indiqué que la corruption crée des inégalités qui ne trouvent pas leurs justifications dans l’application des lois. C’est pourquoi, le Premier ministre invite toute personne ayant connaissance d’un fait de corruption établi à le porter à la connaissance des autorités compétentes.
En plus de la corruption, l’actuel gouvernement veut s’attaquer à la crise foncière. « Ces dernières années, la spéculation foncière a pris une ampleur considérable en milieu urbain, et surtout en milieu rural », a reconnu le Premier ministre. Comme solution, il prévoit un recensement, afin « d’y mettre de l’ordre ».
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« Outre l’éducation à la citoyenneté et la lutte contre la corruption, il nous faut repenser notre système politique », a recommandé le chef du gouvernement. « Si le temps le permet », selon Me Kyelem de Tambela, son gouvernement va mettre en chantier l’élaboration d’une Constitution innovante fondée sur les réalités historiques, culturelles et sociales du Burkina Faso.
La décentralisation effective, la réduction du train de vie de l’État, la réorganisation de l’armée et la politique étrangère sont, entre autres, les autres chantiers de ce gouvernement.
Synthèse de Cryspin Laoundiki
Lefaso.net