Frères et sœurs bien aimés, Et vous tous hommes et femmes de bonne volonté, A l’approche de Noël et du nouvel an 2023, au nom de l’Eglise Famille de Dieu à Ouagadougou, je voudrais souhaiter à toutes et à tous, de joyeuses et saintes fêtes…Puissent les différentes célébrations apporter à tout un chacun, l’espérance d’un monde nouveau, un monde de bonheur et de paix… L’année 2022 qui s’achève aura été particulièrement douloureuse. Notre pays, le Burkina Faso, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences et d’attaques terroristes meurtrières aux conséquences humanitaires dramatiques. Puisse Dieu entendre nos cris de souffrance et nous délivrer de cet enfer sur terre… Le plus beau cadeau de Noël que le Seigneur puisse nous offrir est la Paix. Cela constitue le cœur même du message de Noël :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux Hommes qu’il aime »(Lc 2, 14). Que Dieu touche donc nos cœurs, les cœurs de ceux qui meurent, les cœurs de ceux qui font mourir afin que nous nous engagions tous pour la non-violence et pour le dialogue social, car toute vie humaine est sacrée. Dans tous les camps, nous enregistrons et déplorons des pertes en vies humaines. Les conflits communautaires, la stigmatisation, la marginalisation, l’exclusion, l’injustice et la mauvaise gouvernance constituent des terreaux fertiles pour le terrorisme. Le monde souffre avec la guerre en Ukraine, l’Afrique souffre à cause du terrorisme. Mais partout, le fil rouge qui conduit ces violences est le même : la perte du sens de la vie humaine, du bien commun en raison de la recherche des intérêts égoïstes, personnels ou de groupes. Nous en ressentons tous les effets catastrophiques. Cependant, nous avons une force, contre laquelle personne ne peut rien, car elle est voulue par Dieu lui-même : tout homme et toute femme est créé à l’image de Dieu. Nous sommes tous fils et filles à l’image de Dieu, nous sommes fils et filles de Dieu ; nous sommes chacun doté d’une volonté et d’un courage pour construire la paix. Que les armes se taisent donc au profit du dialogue pour un vivre- ensemble fraternel. Nous avons une autre force : c’est la conscience pleine d’être tous et toutes Burkinabè : tous frères et sœurs. Alors, ne soyons pas égoïstes ou égocentriques. Ayons le courage de demander pardon à Dieu, le courage de lui demander de nous illuminer pour prendre sérieusement le chemin du repentir, le chemin de l’unité et de la réconciliation. Ensemble, démolissons les murs de la haine et de l’égoïsme et bâtissons des ponts de compréhension, de pardon, de fraternité, d’amour vrai.
Cette année, à un moment donné, nous avons tous entendu la voix des autorités de la Transition de notre pays énoncer la liste combien longue des maux dont souffrent nos concitoyens et leur engagement à mieux faire. Ces maux constituent un péché grave. Voilà pourquoi, je demande non seulement aux chrétiens, mais aussi aux hommes et femmes de bonne volonté, d’entreprendre sérieusement un service de solidarité et de fraternité en faveur de nos frères et sœurs souffrants, en posant sur eux un regard d’amour et des gestes concrets de compassion et de miséricorde. En outre, le sens de responsa- bilité doit guider tout burkinabé en particulier les leaders des organisations de la société civile. La situation de notre pays est déjà alarmante, volatile et très précaire. N’ajoutons donc pas aux problèmes qui existent déjà d’autres problèmes, mais œuvrons tous pour renforcer la sécurité et la stabilité. Tous les citoyens doivent comprendre que notre ennemi commun est la menace terroriste, la violence, le mal et non les personnes, les religions, les ethnies. Nous avons tous besoin de mettre notre confiance et notre espérance en Dieu qui, face au grand mal du monde, nous apporte une réponse en envoyant son Fils unique Jésus, qui vient parmi les hommes en portant Espoir et Joie : la joie d’une famille, où chacun est aimé et soigné, à commencer par les plus faibles, les plus malheureux.
L’avenir d’un peuple passe nécessairement par la rencontre des générations. Comme le dit le Pape François, « les jeunes donnent la force de faire marcher le peuple et les personnes âgées renforcent cette force avec la mémoire et la sagesse populaire ». Les jeunes constituent le présent et l’avenir d’une nation. Malheureusement aujourd’hui, comme le dit le Pape François, ils sont souvent des « déchets ». Et cela est déplorable ! Rêvons d’un Burkina nouveau dans lequel l’avenir des jeunes, leurs angoisses et leurs aspirations sont pris en compte. Mais que peut résoudre la naissance d’un enfant face à des situations dramatiques ? face au terrorisme ? face à la menace nucléaire ? face à l’arrogance et à la violence des puissants, des hommes ? Ces questions touchent au sens même de la vie comme une aventure solidaire et à la politique comme un service. A l’instar de notre Seigneur Jésus -Christ venu pour servir et donner sa vie pour la multitude, toute autorité, tout pouvoir en ce monde n’est rien d’autre qu’un service, un don total de soi pour le bien de tous, pour le bien commun. Noël, c’est aussi l’espoir d’un monde nouveau comme l’écrit le prophète Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière » (Is 9, 1).
Nous sommes donc tous appelés à ouvrir grand la porte de notre cœur à cette lumière, pour devenir des enfants de Dieu. Notre puissante et efficace kalachnikov de riposte face à la radicalisation et à l’extrémisme violent c’est la prière, accompagnée des efforts de tous, notamment le dialogue, la tolérance et l’amour mutuel. Car comme j’aime à le dire : « la Paix est un don de Dieu, mais c’est aussi le fruit des efforts des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants ». Frères et sœurs bien aimés, tout en invitant à des célébrations festives dignes, j’en appelle à la sobriété et à la solidarité au partage, à la mobilisation des ressources et à la prise de mesures urgentes pour secourir les populations en détresse. Dans cette perspective, dans chaque paroisse et institution de notre archidiocèse, la quête d’une des célébrations de Noël ou du nouvel An, sera faite au profit des personnes déplacées internes, des veuves et orphelins et des pauvres. Daigne le Prince de la Paix qui vient à Noël bénir et protéger de tout mal le Burkina, l’Afrique et le Monde entier. A tous et à toutes bonnes et Heureuses Fêtes !
Cardinal Philippe OUEDRAOGO,
Archevêque métropolitain de Ouagadougou