Burkina : Des citoyens expriment leurs attentes pour les cinq ans de mandat du président Ibrahim Traoré
Les assises nationales, tenues le 25 mai 2024 à Ouagadougou, ont décidé de prolonger la transition burkinabè de cinq ans. Ce mardi 28 mai 2024 à Ouagadougou, nous avons réalisé un micro trottoir auprès des citoyens. Ils expriment leurs attentes durant ce quinquennat du président Ibrahim Traoré. Le retour de la sécurité est sur les lèvres de tous ceux que nous avons interrogés. Pour des raisons personnelles à eux, certains intervenants ont réagi dans l’anonymat.
Idrissa Nawè, gendarme à la retraite
« Durant les cinq ans, qu’il travaille pour qu’au moins 90% des personnes déplacées internes retournent chez elles ».
« Au départ, le capitaine Ibrahim Traoré n’avait pas suffisamment mesuré l’ampleur de la situation. Ce qui rend la tâche difficile encore est qu’il y a beaucoup de nos frères qui sont dedans. Les cinq ans sont encore une occasion pour lui de mieux évoluer dans la guerre. Sinon, ce n’est pas très sûr qu’il pourra éradiquer totalement le terrorisme. Tout le territoire est pris, même Ouagadougou. Pour ce mandat de cinq ans, j’attends qu’il mobilise encore plus de Volontaires de défense pour la patrie (VDP) et de militaires. Cela pourrait permettre d’avoir de l’accalmie mais ne pourra pas enrayer parce que le mal est profond. J’attends qu’il travaille pour améliorer la situation pour que les Personnes déplacées internes (PDI) retournent chez elles. Qu’il arrive à éradiquer le fléau, qu’au moins 90% de la population retournent chez elles ».
Un habitant de Diapaga joint au téléphone
« Que ma province ne soit plus sous blocus »
« La principale attente, c’est la sécurité parce que ce que nous vivons comme situation est lié à l’insécurité. Nous attendons l’ouverture des différents axes, pour que ma province ne soit plus sous blocus, que les populations puissent cultiver et les différentes communes ne soient pas coupées. Que le Burkina soit libre ».
Akodia Ezékiel Ada, journaliste à L’Observateur Paalga
« C’est lui qui nous avait promis la sécurité en six mois, c’est ça que nous attendons impatiemment »,
« Comme nous le savons tous, depuis le samedi 25 mai 2024, la transition sera prolongée de cinq ans avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré. Mieux, le capitaine, son Premier ministre et le président de l’Assemblée législative de transition (ALT) pourront se présenter aux prochaines élections. Les assises qui étaient prévues se tenir sur 48 heures ont connu un dénouement rapide. En 4-5 heures chrono, l’affaire a été pliée. Doit- on comprendre qu’il n’y a pas eu de débats ? Quand bien même on sait que les participants ont été déjà briefés sur l’essentiel et qu’on prêche à des convertis, on aurait dû au moins mieux habiller ces assises. Et pour ne rien arranger, nous avons tous vu le lapsus révélateur du colonel Moussa Diallo, président du comité d’organisation des assises, qui a laissé toute la salle pantois.
Pour le journaliste de L’Observateur Paalga, Akodia Ezékiel Ada, la sécurité constitue la première attente
Sans se rendre compte, il a parlé du vendredi 25 mai au lieu de samedi 25 mai. Ça veut dire que l’affaire a été pliée le vendredi. Dans le fond, concernant la lutte contre le terrorisme, il y a ce que la communication officielle dit et la réalité du terrain. On n’ira pas jusqu’à pécher contre l’esprit en disant que tout est négatif, mais par rapport aux promesses de départ, force est de reconnaître qu’on est loin du compte. En tout cas les Wayiyans ont eu ce qu’ils voulaient. Même s’ils auraient souhaité une prolongation de 10 ans voire 20 pour certains. Retenons que personne n’est contre ce pays, la durée du « mandat » du capitaine Traoré n’est pas tant le problème. C’est lui qui nous avait promis la sécurité en six mois après quelques petits réglages. Et c’est cette sécurité que nous attendons impatiemment ».
Yasmine Songné, vivant à Omaha, au Nebraska, aux États-Unis
« Il faut arrêter les marches de soutien, ce n’est pas utile »
« Pour les cinq ans, je souhaite qu’il parle moins. Il y a des actions qui sont menées dans la lutte contre le terrorisme. Nous qui sommes à l’extérieur par exemple, quand les gens découvrent que nous sommes Burkinabè, immédiatement ils citent le nom du président Ibrahim Traoré. C’est une fierté. On a pas d’autres choix que de serrer la ceinture. On doit comprendre que tout ne peut pas se régler en un ou deux ans. Il faut arrêter le populisme et les marches de soutien. Chaque fois il y a marches et rassemblements. On peut s’en passer ».
« Les marches et rassemblements doivent prendre fin pour que les autorités se concentrent sur l’essentiel », Yasmine Songné
Ambroise Kyelem, étudiant en sciences économiques et de gestion à l’université Joseph Ki-Zerbo
« Qu’il fasse tout pour ramener la sécurité »
« La première des attentes de tous les Burkinabè, c’est la sécurité. Qu’il fasse tout pour ramener la sécurité. Ensuite, qu’il œuvre pour la bonne gouvernance. Enfin, qu’il pose les bases d’une stabilité politique au Burkina Faso ».
Léon Zoubga, professeur de lycée
« Qu’il soit le président de tous les Burkinabè »
« Il faut qu’il soit le président de tous les Burkinabè durant son mandat. Il doit travailler aussi à rassembler tous les Burkinabè autour d’un but commun et arrêter les enlèvements, les enrôlements forcés et libérer les personnes enlevées ou enrôlées de force. Qu’il permette aussi à chaque Burkinabè de s’exprimer librement. Je l’encourage à travailler pour remettre le Burkina sur le chemin de la justice et à exécuter les décisions de justice. Enfin, le non moins important, qu’il permette à la presse de faire pleinement et librement son travail. »
Propos recueillis par Serge Ika Ki
Lefaso.net