Burkina : Libéré, l’ambassadeur Mousbila Sankara explique ce qui avait valu son interpellation
Arrêté le mardi, 11 juin 2024 à son domicile, l’ambassadeur Mousbila Sankara a regagné son domicile dans la nuit du mercredi 12 juin 2024. Joint au téléphone aux premières heures de ce jeudi (13 juin), l’intéressé précise ce qui a valu cette arrestation et parle également des conditions de “séjour”
C’est un Mousbila Sankara avec le même tonus dans la communication et son humeur, que nous avons eu au bout du fil en cette matinée du jeudi 13 juin 2024. « Vraiment, je suis en bonne santé. Hier soir, on m’a ramené chez moi », a-t-il dit au bout du fil avant de relever ce qu’il qualifie de « changement positif » dans le traitement réservé à ceux qui sont détenus dans l’environnement des forces de défense. « Je mangeais ce qu’ils mangeaient, en tout cas, je n’ai pas eu de problème ; personne ne m’a menacé. Ils sont venus me déposer tel qu’ils sont venus me prendre chez moi. Donc, vraiment, ça va », a-t-il apprécié, certainement en comparaison à ce qu’il a vécu avec la fin de la révolution, en 1987 (il avait été incarcéré à la gendarmerie puis au conseil de l’Entente du 23 décembre 1989 au 7 avril 1991, dans des conditions de tortures).
« Cette fois-ci, je peux te le dire, j’ai été très bien traité. Ils ont considéré mon âge et tout. De sorte que j’ai été heureux de trouver qu’au sein de nos forces de défense, on peut entrer et sortir normalement », confie le diplomate, se réjouissant donc d’avoir constaté ce changement positif de comportement, qui laisse voir de l’amélioration, « en tout cas, en ce qui me concerne ».
A tous ceux qui se sont inquiétés ou qui s’intéressent au dossier, Mousbila Sankara rassure que « le problème est résolu ; on a résolu ça entre révolutionnaires, dans une forme de langage courtois et direct ».
Sur les motifs même de l’interpellation, l’ancien CDR (Comité de défense de la révolution) révèle : « C’est parce que quelqu’un, à travers une vidéo, dit avoir un projet de déstabilisation et il m’a associé à son projet. Et comme la personne était là, on a sorti les vidéos et il s’est trouvé que la personne ne me connaissait même pas. Mais le drame, c’est que de par mes publications, des gens viennent beaucoup sur la page, et ceux qui veulent du crédit pour leurs débats me citent ou m’associent, alors que je ne les connais même pas ».
L’ambassadeur Sankara a aussi indiqué qu’au cours de ce « séjour », lui et ses « tuteurs » ont incidemment discuté des contenus de ses écrits. « Je leur ai expliqué, je me suis fait comprendre et suite à ça qu’ils ont dit que si c’est cela il n’y a pas de problème, comme on est entre révolutionnaires on n’a qu’à régler ça de façon directe ; c’est-à-dire dans un langage courtois, mais vrai. C’est ce qui s’est passé », a détaillé l’ancien syndicaliste, ancien ambassadeur du Burkina en Libye.
Rappelons que son interpellation est intervenue quelques semaines seulement après la diffusion début mai 2024, d’une lettre adressée au président Ibrahim Traoré, dans laquelle il l’invite à ne pas commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Environnement qui a donc nourri les spéculations, quand on sait également que l’homme n’est pas de nature à masquer ses sentiments lorsqu’il s’agit de questions qui engagent la vie de la nation (confère ses nombreuses interviews et autres sorties de presse).
O.L.O
Lefaso.net