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Intégration sous-régionale : « Toute décision de retirer nos états de la CEDEAO n’incarne point un bon esprit panafricaniste » (déclaration SOCL)

A travers le communiqué ci-après, Le Socle citoyen pour la libération (SOCL) s’indigne du retrait des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il regrette dans un premier temps que cette décision ait été prise sans consultation des citoyens. Ensuite que les enjeux immédiats ne tarderont pas à se faire sentir. Aussi, que ce retrait remet inutilement en cause l’esprit de l’union entre des millions de frères africains vivant ensemble et partageant de forts liens fraternels depuis plusieurs décennies. « Toute décision de retirer nos états de la CEDEAO n’incarne point un bon esprit panafricaniste… Le SOCL appelle les auteurs de la décision de retrait à en tirer toutes conséquences réflexives et analytiques et à mettre en avant l’intérêt des peuples, plutôt que celui des dirigeants qui n’est que passager » lit-on à travers les lignes du communiqué.

Lefaso.net

Déclaration du Socle citoyen pour la libération (SOCL) sur la décision de sortie de la CEDEAO.

Chers compatriotes, frères et sœurs,

Quand le destin de millions de personnes est susceptible d’être affecté durablement par une décision aussi grave que le retrait d’une importante organisation économique comme la CEDEAO, il est du devoir de tout citoyen, dans la mesure de son possible, de se prononcer. Dans cette optique, le SOCL ne peut rester indifférent face à la volonté affichée de sortir notre pays de la CEDEAO, eu égard à la gravité des conséquences qui se profilent et pour lesquelles aucune perspective crédible n’est proposée.

D’emblée les faits suivants sont à noter :
Nonobstant la décision touchant directement l’équilibre de nos pays et les interactions entre les peuples, elle n’a aucunement recueilli l’avis des citoyens comme l’indiquent les constitutions. Pourtant les vrais moteurs de l’intégration sous régionale à l’instar de la zone CEDEAO, sont les peuples eux-mêmes d’abord, et ensuite les chefs d’Etats en viennent à accompagner.

Secundo, l’anachronisme de cette décision est manifeste face à la grande histoire de la construction des Etats-Unis d’Afrique amorcée par les pères fondateurs, conformément aux idéaux du panafricanisme. Cette construction portée par l’Union Africaine repose, dans son plan architectural, sur les grands ensembles régionaux ou Communautés Economiques Régionales (CER) , à l’image de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). La scission d’une Communauté Economique Régionale constitue donc un recul dans l’édification de l’Unité Africaine, mais plus encore une remise en cause de l’idéal panafricaniste. En effet, les divergences au sein d’une communauté régionale doivent pouvoir trouver leurs solutions dans le cadre du dialogue fraternel, mais ne peuvent, en aucun cas, aboutir à un morcèlement.

C’est dans ce sens que récemment SONKO et ses camarades parvenus au pouvoir ont montré que les combats constructifs pour l’affirmation des idéaux panafricanistes doivent se mener au sein de la CEDEAO afin d’amener l’organisation à s’améliorer. Le Président Thomas Sankara aussi n’a pas quitté la Communauté ; bien au contraire il en avait fait une tribune importante pour porter sa vision. Du reste, créer une alliance entre certains Etats membres de la CEDEAO pour une bonne cause qui leur est commune n’implique pas nécessairement le retrait de ces Etats de la Communauté. Le cas de l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG), initiative transfrontalière crée le 3 décembre 1970 à Ouagadougou et qui réunit les Etats du Burkina Faso, du Mali et du Niger, témoigne de la cohabitation possible avec la CEDEAO.

Ces éléments historiques devraient en premiers attirer l’attention des acteurs des Transitions du Mali, Burkina Faso et du Niger, à se dépasser des considérations circonstancielles, émotionnelles et autocentrées. Par ailleurs, la sincérité et l’honnêteté commande chaque citoyen à méditer sur les conséquences immédiates et d’éviter de faire la politique de l’Autruche qui consiste à enfuir la tête dans le sable pour éviter de voir le danger en face.

Frères et sœurs,

Les enjeux immédiats seront sans appels à commencer la disparition du Tarif Extérieur Commun (TEC) qui provoquera une double taxation des produits des produits et biens à destination du Burkina, du Mali et du Niger. Cette double taxation induira à son tour une augmentation évidente des prix s des produits de premières nécessités qui aggravera encore plus la vie chère chez les populations déjà éprouvées par plusieurs mesures et contraintes financières.

On peut penser que l’appartenance de ces trois pays à l’UEMOA va amortir le choc de la double taxation. Mais, c’est peine perdu, puisque l’UEMOA ne disposant plus de TEC qui a été abandonné au profit de celui de la CEDEAO, aucune base juridique ne pourra justifier l’application du TEC CEDEAO à des pays qui s’en sont exclues. Du reste, si l’avènement d’un passeport AES devrait se concrétiser, alors l’AES ne serait pas reconnu sur le plan international comme une entité communautaire, les détenteurs de ce passeport risquent fort de faire face à des complications d’entrées et de séjour à l’étranger. Cette situation s’empirerait encore plus si les passeports détenus par les tiers des pays sortis sont immédiatement désactivés, donc invalides. La mobilité et les conditions de résidence des populations des pays en retraite pourraient devenir insupportables, conditions qui varieraient d’un pays à l’autre.

Aussi, l’on pourrait se demander quelles seront les issues pour ses nombreux travailleurs burkinabè, maliens, nigériens,… ainsi que le sort des projets en cours financés par la CEDEAO et des institutions et sièges clés implantés au nom de la CEDEAO, y compris d’éventuelles dettes à rembourser ?

Une tout autre lourde conséquence serait la fragilisation de l’équilibre entre nos Etats ainsi que les perturbations induites au niveau des rapports entre les peuples. La zone CEDEAO compte quinze pays estimés à 391 millions d’habitants, contre environ 63 millions pour l’ensemble « Burkina Faso-Niger-Mali » (rapport ONU, 2019). Il en découle des millions de populations qui seront exposées aux dangers de la tectonique impitoyable de grandes puissances mondiales et aux enjeux géostatiques et économiques.

Chers frères et compatriotes,

Au vue des conséquences, nous sommes étonnés que ce soit seulement maintenant que des ministres des affaires étrangères des trois pays veuillent examiner une stratégie sortie, à la veille de l’entrée en vigueur du retrait que ces derniers avaient exigé « avec effet immédiat ». Cette opération tardive met en évidence une impréparation et surtout une sous-estimation des conséquences pour les peuples. Il y’a lieu de s’inquiéter pour l’avenir des populations qui habitent les trois Etats.

En faisant une analyse froide sans émotion, le SOCL estime que toute décision de retirer nos états de la CEDEAO n’incarne point un bon esprit panafricaniste, mais plutôt remet inutilement en cause l’esprit de l’union entre des millions de frères africains vivant ensemble et partageant de forts liens fraternels depuis plusieurs décennies.

Au vue des conséquences incalculables et non maitrisables, du contexte de sécurité critique dans le sahel, et des tensions actuelles dans le monde, quitter la CEDEAO est inopportun et n’est pas bénéfique pour les peuples des pays membres ni dans le court terme, ni dans le long terme.

Ainsi le SOCL appelle les auteurs de la décision de retrait à en tirer toutes conséquences réflexives et analytiques et à mettre en avant l’intérêt des peuples plutôt que celui des dirigeants qui n’est que passager.

Il appelle la jeunesse africaine à rester dans un esprit panafricaniste constructif et responsable et tourné vers l’unité et les grands ensembles Etatiques. 4est dans cette dynamique positive que l’Afrique va peser et prospérera dans du monde.

« Une Afrique, une voix » !

Temps du peuple, Temps de la libération !

Le Socle citoyen pour la libération

Fait à Ouagadougou le, 27 janvier 2025

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