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Fespaco 2025 : « La fête sera à la hauteur des attentes », comité national d’organisation

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Fespaco 2025 : « La fête sera à la hauteur des attentes », comité national d’organisation

Ouagadougou, 17 fév. 2025 (AIB) – A quelques jours du début de la 29e  édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le président du comité national d’organisation, Bètamou Fidèle Aymar Tamini  rassure que toutes les dispositions ont été prises pour que la fête soit à la hauteur des attentes.

Agence d’information du Burkina (AIB) : La 29e édition du Fespaco se tient sous le thème « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». Pourquoi, le choix de ce thème ?

Bètamou Fidèle Aymar Tamini :  Ce thème est en phase avec le contexte africain et burkinabè. Nous sommes au Burkina dans une situation de crise sécuritaire qui nous a été injustement imposé. Organiser le Fespaco dans ce contexte, c’est vraiment faire preuve de résilience.  A travers le thème « Cinémas d’Afrique et identités culturelles », nous voulons évoquer la question de la diversité culturelle, de la diversité des traditions, des langues et du récit africain dans les œuvres cinématographiques. C’est pour nous, l’occasion d’inviter l’ensemble des acteurs du secteur du cinéma, notamment les réalisateurs, les producteurs, à prendre en compte la réalité de nos pays africains et faire ressortir dans les productions, les attentes de nos populations qui sont en lien avec la cohésion et le respect de nos valeurs.

En choisissant ce thème, c’est aussi l’occasion pour nous de tracer les sillons pour un développement de nos pays par le cinéma et aussi positionner notre pays à l’international car vous savez que le Fespaco mobilise du monde. Donc, c’est une bonne opportunité pour le rayonnement du pays à l’international. Parlant de rayonnement, les statistiques sont parlantes, nous avons un fort engouement des acteurs du cinéma pour ce Festival avec plus de 1300 films enregistrés cette année, autour de 230 œuvres retenus pour la compétition. C’est une grande performance qui mérite d’être saluée. Cela ne fait que nous conforter dans la dynamique actuelle.

 

Quels sont les défis qui se présentent à vous dans l’organisation du Fespaco 2025 ?

Le principal défi, c’est le nerf de la guerre. Le Fespaco est un évènement qui mobilise au plan national et international, c’est un évènement qui a des exigences et des besoins d’ordre financier. Dans le contexte du pays, l’État a mobilisé assez de ressources pour accompagner l’organisation du Fespaco, il faut le reconnaitre et le saluer. Cependant, les ressources demeurent insuffisantes, il faut aller vers d’autres sources, cela demeure une préoccupation. Nous saluons au passage la contribution de certains acteurs du secteur privé et espérons toujours que les bonnes volontés, les amoureux du cinéma accompagnent la dynamique du Fespaco et la dynamique d’affirmation de notre souveraineté par le cinéma. Il reste que les réalités d’il y a quatre ou six ans, ne sont plus celles d’aujourd’hui. Le contexte a beaucoup évolué mais nous restons résilients. Nous pensons que nous pourrons tenir l’édition sans heurts majeurs, mais nous en appelons toujours à l’action de toutes les parties prenantes afin que nous continuions de faire du secteur du cinéma, un secteur essentiel, un secteur utile à la cause actuelle du pays et à la cause du continent de façon générale.

Combien de festivaliers sont attendus à cette biennale du 7e  art africain ?

 

Il serait hasardeux à ce stade de l’évaluer mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a un réel engouement pour cette édition si nous considérons déjà le nombre de pays concernés par la sélection officielle à savoir 48 pays. Ça c’est sans compter avec les autres amoureux du cinéma qui viendront de par le monde. Il faut se dire que c’est du monde que nous allons mobiliser. A ce jour, nous avons pu émettre 1000 lettres d’invitations. Cela vous donne une idée du monde qui pourra venir de l’extérieur et au plan national, c’est toute la population qui est mobilisée. On est rassuré et on pense que la fête sera à la hauteur des attentes.

 

Quel est l’accueil qui sera réservé au pays invité d’honneur qu’est le Tchad et quelle sont vos attentes vis-à-vis de ce pays ?  

Le pays invité d’honneur, le Tchad est un pays frère et ami. Il faut reconnaitre que ce pays est un pays de cinéma, un pays qui a de grands noms du cinéma, un pays qui a de grands réalisateurs comme Mahamat Saleh Haroun qui a été lauréat dans la catégorie argent et bronze au Fespaco. (Mahamat Saleh Haroun a remporté l’Étalon de bronze en 2007 avec son film « Daratt » et l’Étalon d’argent en 2011 avec « Un homme qui crie »). On a des personnalités comme Édouard Sailly (réalisateur tchadien) et Issa Serge Coelo (Producteur et réalisateur tchadien).

 

Il faut savoir que le Tchad a des accords de coopération culturelle avec le Burkina Faso. Des accords qui datent de plusieurs années. C’est pour nous l’opportunité de renforcer notre collaboration et notre coopération avec ce pays. Une coopération qui s’est jusqu’ici traduite par la formation des techniciens du Tchad. L’Institut Supérieur de l’Image et du Son/Studio-École (ISIS-SE) reçoit beaucoup de Tchadiens et au titre de cette coopération, nous avons plusieurs Burkinabè qui interviennent au Tchad.

 

Sans me tromper, je dirais que la plupart des films tchadiens sont plus ou moins techniquement conduits par des techniciens burkinabè. Tout cela mis ensemble, nous conforte dans notre choix de les avoir à nos côtés pour cette édition du Fespaco.

 

Le Fespaco nous a habitués à de beaux spectacles aux cérémonies d’ouverture et de clôture. Quel sera la particularité de la cérémonie d’ouverture de cette édition ?

Comme à nos habitudes, le Fespaco 2025 prévoit un spectacle d’ouverture et de clôture à la hauteur des attentes. Les deux spectacles sont préparés par notre concitoyen Aristide Tarnagda qui est bien connu de la place avec son initiative les Récréâtrales. Il a déjà intervenu sur des spectacles de par le passé. Pour ce que nous avons déjà vu concernant le contenu, on peut être rassuré que le spectacle ne sera pas en deçà de ce qui a été jusqu’ici proposé mais nous réservons le contenu à toute la population que nous invitons à venir à ces différentes cérémonies.

Malgré le contexte sécuritaire du pays, le Burkina Faso a démontré sa capacité à organiser de grandes manifestations culturelles. Quel message avez-vous pour les festivaliers pour les rassurer sur la tenue du Fespaco dans de meilleures conditions de sécurité ?

Vous l’avez si bien dit, le Burkina en matière d’organisation de grands évènements, à l’expertise qu’il faut. Le Burkina a l’habitude des grands évènements. Avec le Fespaco, nous sommes à la 29e  édition, c’est plus de 50 ans d’existence pour cet évènement. Nous avons des hommes et des femmes d’expériences, des hommes et des femmes intègres et engagés pour la cause de la nation. Ce sont ces femmes et ces hommes qui ont préparés de bout en bout cette édition. Tous les risques ont été identifiés et des solutions ont été proposées. Nous sommes dans la phase opérationnelle et cette phase prévoit la prise en charge des questions sécuritaires et d’éventuels problèmes sanitaires.  Je peux rassurer l’ensemble de la population que tout va bien se passer si elle reste disciplinée, si elle obéit aux instructions que le comité viendrait à donner.

Le Fespaco, c’est le festival des films. Pour cette édition, quelles sont les salles qui sont identifiées pour les projections ? 

Les salles identifiées, sont les mêmes salles à l’exception de l’Institut français pour des raisons que vous savez. Les grands points de projection sont le ciné Burkina, le ciné Neerwaya, les deux salles de canal Olympia. C’est également d’autres espaces qui offrent toutes les commodités dans la ville de Ouagadougou. Nous avons identifié neuf espaces de projections. Les choses devraient pouvoir bien se passer dans les meilleures conditions.

L’une des innovations de la précédente édition du Fespaco, était le Fespaco hors des murs qui a permis des projections dans les espaces ouvertes hors de Ouagadougou. Est-ce que cela sera reconduit cette année ?

Le Fespaco hors des murs, c’est la projection des films au profit de cette cible qui n’a pas accès aux quatre murs des salles de ciné et c’est une initiative qui a été très appréciée aux précédentes éditions. Nous avons maintenu l’initiative cette année avec une augmentation du nombre de sites à neuf, notamment Saaba, Koubri. Il y a des sites identifiés dans les environs de Ouagadougou, pour accueillir ses projections. La projection d’ouverture du Fespaco hors des murs est intervenue à Yako le 15 février 2025 au profit des couches vulnérables, notamment les enfants, les personnes déplacées internes. En région, il y a des initiatives privées et locales que nous essayons d’accompagner. Nous aurons après, le Fespaco à Bobo-Dioulasso. Il s’agit d’acteurs culturels qui ont manifesté le besoin de disposer du nécessaire pour la projection. Nous avons apprécié et l’accompagnement qu’il faut leur sera accordé.

Quelles sont les innovations de cette édition du Fespaco ?

La principale innovation de cette année, c’est le Prix officiel décerné par le président du Faso. Il s’agit du prix Thomas Sankara pour le panafricanisme qui va récompenser la meilleure œuvre qui traitera de ladite thématique en lien avec le panafricanisme, les questions de souveraineté et autres. Après le Fespaco, nous prévoyons de diffuser les films primés au Tchad, pays invité d’honneur pour permettre à la population de ce pays frère et ami, de découvrir lesdits films qui ont été primés. L’autre innovation, c’est le retour du Grand prix du public. Ce prix est porté cette année par la RTB. Nous saluons cette innovation et nous appelons à la contribution de tous les acteurs capables d’accompagner les acteurs du cinéma. La dernière innovation, c’est la prise en charge de la question des flux au niveau des salles de projections. Vous avez constaté avec nous que lors des précédentes éditions du Fespaco, les salles de cinéma se retrouvent pleines. Cette année, nous avons voulu anticiper en invitant le numérique dans l’organisation pour dire que les gens pourront par anticipation, acheter leurs tickets en ligne, acquérir des badges en ligne et même réserver des places dans les salles de ciné en ligne. Cela va permettre de mieux prendre en charge cette question de la foule que nous avons au niveau des salles et du trop-plein de monde qu’on a souvent à l’intérieur des salles de ciné. Cela devrait aussi permettre, une meilleure fréquentation des salles de cinéma, un meilleur accès aux films.

 

Quelles sont cette année, les chances du Burkina Faso d’obtenir l’Étalon d’or de Yennenga après l’Étalon d’argent en 2023 et l’Étalon d’or de 1997 ?

Je ne parlerai pas forcement des chances du Burkina Faso, mais des chances de tous les acteurs en compétition. C’est un jury professionnel qui est proposé et qui va examiner les œuvres sur la base de critères pertinents qui au soir du 1er mars, nous dira qui est le lauréat de l’Étalon d’Or de Yennenga. C’est un jury en qui nous faisons entièrement confiance et qui au de-là de toute considération, va de façon souveraine dire qui est l’Étalon d’Or de Yennenga. C’est pour nous l’occasion de souhaiter bonne chance à tous les acteurs et encourager également, les acteurs à plus de professionnalisme, à renforcer leurs capacités, à tirer leçon des différentes éditions du Fespaco. Si cela est fait la chance pourrait sourire à tout le monde.

Un appel aux autorités et au public burkinabè ?

Mon message aux plus hautes autorités est un message de reconnaissance pour cette grande attention pour le secteur de la culture, du cinéma africain. Aujourd’hui, si le Fespaco se tient, c’est grâce à la volonté des autorités et nous tenons à leur exprimer la reconnaissance des acteurs de la culture. Mon appel au public burkinabè, c’est de rester discipliné car le Burkina Faso, est un pays hospitalier, le Burkinabè est très respectueux des règles. Des mesures sécuritaires et sanitaires seront proposées, nous demandons aux gens de respecter ces différentes consignes. Si cela est fait, la fête sera belle et le pays gagnerait encore en notoriété.

Agence d’information du Burkina

Interview réalisée par WUROTÈDA Ibrahima SANOU

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