Premier gouvernement du second mandat de Roch Kaboré : Un très long casting
Les résultats de l’élection présidentielle ont été proclamés par la CENI le 26 novembre 2020 et validés par le Conseil constitutionnel le 18 décembre 2020. Mais le nouveau gouvernement se fait toujours attendre, alors que l’ancien premier ministre Christophe Dabiré et son gouvernement ont donné leur démission le 28 décembre 2019, selon le décret de dissolution.
Le président du Faso a eu assez de temps, depuis fin novembre, pour réfléchir aux hommes à qui confier les départements ministériels. Même si cet exercice n’est pas un travail solitaire, les discussions avec ses alliés et les personnes ressources durent plus que de raison. Qu’est-ce qui fait que l’exécutif ne soit pas encore mis en place alors que les institutions relevant du suffrage universel sont installées ? Nous vous proposons quelques conjectures sur le suspens qui nous est imposé.
Le président Roch MC Kaboré a été choisi par certains Burkinabè parce que ce n’est pas un agité du bocal politique. Cette qualité devient un défaut quand il faut prendre des décisions, et on l’a déjà vu à l’œuvre, le président du Faso est véritablement, très lent à l’allumage. Il fonctionne au diesel, caricature-t-on ?
La recherche de la perle rare parmi les Burkinabè de l’étranger peut expliquer le retard. C’est une possibilité mais le Chef de l’État aurait dû commencer ses entretiens bien avant le mois de décembre.
La composition du gouvernement ne peut pas être retardée pour les raisons de discussion avec les partis de l’Alliance de la majorité présidentielle puisqu’ils étaient ensemble dans le précédent gouvernement. Seul le NTD (Nouveau temps pour la démocratie) peut demander une augmentation de ses portefeuilles ministériels compte tenu de son poids à l’Assemblée ; ce qui peut être résolu par le poste vacant du PAREN qui est absent de l’hémicycle.
On sait que certains courants du MPP ont critiqué la faible présence selon eux des membres de leur parti, mais ces courants ne sont pas représentés à l’hémicycle et ne peuvent pas être la cause de ce retard.
La participation de ministres non engagés dans un parti au gouvernement peut aussi être une explication de ce retard. On peut penser que le président Roch Kaboré ne va changer la paire Chérif Sy et Ousseni Compaoré de la défense et de la sécurité, anciens ministres non affiliés à un parti, compte tenu des problèmes de direction que ces deux ministères ont connu les premiers moments du premier mandat. Maintenant que les choses semblent être sous contrôle, on se dit que ces deux ministres devraient retrouver leurs postes, même au risque de grincements de dents chez le parti majoritaire.
La seule explication qui passerait comme une lettre à la poste de ce long casting serait la participation de l’UPC et / ou, du CDP au gouvernement. La mise en place d’un gouvernement d’union avec les grands partis à l’Assemblée peut prendre du temps et le gain politique d’une telle démarche étant plus importante peut justifier la lenteur de la mise en place. En dehors de ce big bang, c’est une faute politique de laisser le pays sans direction exécutive pendant une période aussi longue.
Sana Guy
Lefaso.net
Source : lefaso.net
Faso24