Sport : 2020, une année qui a souffert le martyr
A l’instar des autres secteurs de la vie nationale, le sport a été perturbé durant l’année 2020. Suspensions, reports et annulations, retour sur une année qui a souffert le martyr.
Les différentes fédérations sportives déroulaient normalement leurs calendriers lorsque le 9 mars 2020, la pandémie à Coronavirus, découverte en Chine en décembre 2019, et qui venait de faire son entrée en Afrique, touche le Burkina Faso. Un couple, qui revenait d’un séjour en France, est testé positif à la maladie.
C’est désormais la course dans la prise de mesures en vue d’éviter la propagation de la maladie. Le 15 mars, le gouvernement décide de la fermeture des établissements scolaires et universitaires. Les marchés et yaars seront, par la suite, fermés. Les villes qui comptent des cas positifs confirmés sont mises en quarantaine. C’est la sensibilisation au respect des mesures barrières.
Dans cette dynamique de prévention contre la maladie à coronavirus, le ministère des Sports et des Loisirs décide, le 16 mars 2020, que « toutes les activités sportives et de loisirs engendrant des regroupements sont suspendues jusqu’à nouvel ordre ».
Suspension des compétitions en cours
Dans la foulée, la Fédération burkinabè de football suspend toutes ses compétitions en cours (championnats D1, D2, D3 masculins et féminins, la Coupe du Faso masculine et féminine, Coupe de la FBF, etc.). Le championnat de première division était à six journées de la fin. Les clubs suspendent également les entrainements et les joueurs se retrouvent au chômage et sans salaires.
Le 25 avril, alors que les équipes qualifiées pour le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) étaient dans l’expectative, la CAF annonce le report de la compétition pour des raisons sanitaires. Seydou Zerbo dit Krol démobilise sa troupe en attendant une nouvelle date.
Le 4 mai 2020, le Comité d’urgence de la FBF est convoqué pour statuer sur le sort des compétitions en souffrance. Parce que la CAF devait faire le point de la situation des différents championnats. Le Comité d’urgence décide de « l’annulation rétroactive » des compétitions non débutées et non achevées de la saison 2019-2020 et de faire désormais référence aux résultats de la saison précédente. Le championnat de première division est donc annulé. Aucune équipe n’est reléguée en division inférieure et les vainqueurs de la D2 sont autorisés à rejoindre l’élite burkinabè qui va compter désormais 18 clubs.
Le Comité d’urgence décide également que RAHIMO FC et Salitas représentent le Burkina Faso respectivement en Ligue africaine des champions et en Coupe CAF. Ce verdict créé un tollé au sein de la famille footballistique nationale. Certains y voient la main du président de la FBF d’alors, Sita Sangaré, pour empêcher Majestic, le club de son challenger à la présidence de la fédération en 2016, de prendre part aux joutes africaines. Mais la décision est maintenue.
Le monde sportif demeure dans le silence jusqu’en mai 2020 avant d’apprendre que le processus de renouvellement des structures sportives, suspendu par la décision du ministère des Sports et des Loisirs, pourra reprendre en août.
Le sport reprend progressivement
Du 15 au 22 août 2020, on assiste au renouvellement des bureaux de 34 fédérations. Si pour l’ensemble, les candidats étaient plébiscités, au football, au basketball et au cyclisme, c’était de véritables joutes électorales avec des suspens et des crises.
A la fédération de football, Lazare Banssé, qui s’est proclamé candidat après que le président Sita Sangaré ait été interdit par sa hiérarchie de briguer un troisième mandat, parvient à se faire élire par 95 voix contre 59 pour son challenger, Amado Traoré, PCA de Majestic.
Au cyclisme, c’était la surprise générale. Le commandant Yasnémanégré Sawadogo, président sortant et candidat à sa propre succession, est battu aux urnes par Amédée Béréwoudougou, président de l’AJCK, par 44 voix contre 40. En Fair-play, le candidat vaincu accepte, mais difficilement, sa défaite et s’engage à soutenir le vainqueur pendant son mandat.
Au Basket, Souleymane Yaméogo était opposé à Charles Bado. L’issue des votes, selon les officiels, était en faveur du premier cité. Mais Charles Bado pose plainte auprès du ministère des Sports et des Loisirs parce qu’un votant aurait été intimidé par le camp adverse. Le Ministère tranche finalement en faveur de Souleymane Yaméogo.
Des lauriers malgré tout
Au football toujours, les Etalons juniors, qui ont terminé deuxièmes à la coupe UFOA-B derrière le Ghana, obtiennent leur qualification à la CAN de leur catégorie qui aura lieu en février 2021 en Mauritanie. Les Etalons séniors terminent l’année, premiers du Groupe B devant l’Ouganda, le Malawi et le Soudan du sud.
Au cyclisme, les activités ont également repris, le 8 novembre 2020, avec le Grand Prix du président du Comité olympique et des sports burkinabè (CNOSB). Paul Daumont s’impose dans cette épreuve en bouclant les 146 kilomètres en 3h 25 minutes 5 secondes.
Le Grand Prix du 11-Décembre, remporté par Souleymane Koné, l’hommage à Lassina Traoré, défunt président de SIFA, club formateur de la pépite burkinabè Paul Daumont, tous remporté par ce dernier ont été les temps forts du cyclisme burkinabè en 2020.
Le Tour du Faso, quant à lui, est annulé pour des raisons sanitaires. Les cyclistes burkinabè étaient également présents au Grand Prix Chantal Biya au Cameroun. Paul Daumont, encore lui, remporte deux étapes sur les cinq que comptait le tour. Le Burkinabè termine l’année sixième meilleur cycliste africain de l’année.
Les autres lauriers glanés par le pays des Hommes intègres ont été obtenus en athlétisme. Hugues Fabrice Zango a inscrit de nouveaux records à son palmarès faisant de lui l’un des meilleurs de sa discipline au plan mondial. Le 19 août, au meeting de Szekesfehervar en Hongrie, il bat pour la première fois de sa carrière, le double champion olympique, l’Américain Christian Taylor, avec un triple saut à 17,43 m et réalise la meilleure performance mondiale de la saison. Hugues Fabrice Zango termine à la deuxième place au meeting d’Ostrava avec un saut de 17,42m et bat son propre record d’Afrique du triple saut.
Page noire du sport burkinabè
Tout n’a pas été rose pour le monde sportif burkinabè. Certains acteurs ont malheureusement rencontré le chemin de la grande faucheuse. Parmi ces derniers, Moustapha Semdé, alors directeur de campagne du candidat à la présidence de la Fédération burkinabè de football, Lazare Banssé.
Il est décédé le 29 juillet 2020 suite à un malaise. Boureima Zampaligré dit Zampa, supporter emblématique du Rail club de Kadiogo, a définitivement quitté les stades suite à un accident qu’il a eu en revenant de Manga où il était allé pousser son club de cœur à la victoire contre Majestic.
Paulin Zongo, chargé de communication du RCK, a aussi quitté le monde des vivants des suites de maladie. La famille des cheminots a été durement éprouvée en cette année 2020 car tous les trois cités appartenaient au RCK. Dans la nuit du 21 au 22 octobre, la mort emportait le président de la Ligue régionale de football du Centre-Nord, El hadj Tasséré Bargo, après une courte maladie.
L’année 2021 s’ouvre avec de nouvelles et bonnes perspectives sur le plan sportif. Les Etalons séniors tenteront de décrocher une place qualificative à la CAN 2021, les locaux vont aussi essayer d’inscrire leur nom dans le palmarès du CHAN et les Etalons U17 recherchent la qualification à la CAN de leur catégorie. Les autres fédérations pourront, en respectant les mesures barrières, dérouler leurs programmes.
Jacques Théodore Balima
Lefaso.net
Source : lefaso.net
Faso24