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Liberté de la presse au Burkina : 2020, une année de recul !

Au Burkina Faso, l’année 2020 n’a pas été éprouvante seulement sur le plan sanitaire. La liberté de la presse a été secouée durant cette année. Entre intimidations et tentatives d’assassinat, la presse a évité un second drame de Sapouy. Retour sur quelques faits marquants.

Dans la nuit du 6 au 7 janvier 2020, le journaliste d’investigation, Ladji Bama, a été victime d’un acte de vandalisme à son domicile à Ouagadougou. Sa voiture, particulièrement visée, est partie en feu. Selon son témoignage, le constat a montré que des individus mal intentionnés « seraient venus par-dessus la porte et jeter une bouteille d’essence sur l’arrière de la voiture, apparemment avec un torchon qu’ils avaient commencé à enflammer ».

Est-ce un acte d’intimidation ? A cette question, le journaliste a confié : « Ces derniers temps, je sentais qu’il y avait des réactions sur les réseaux sociaux concernant mon intervention sur les attaques de Arbinda. Il y a eu sur les réseaux sociaux des réactions pas du tout intéressantes, en dehors de cela, il n’y avait pas d’alertes particulières ».

Malgré l’indignation du MBDHP et plusieurs autres organisations de la société civile (OSC), des actes qui n’honorent pas le Burkina Faso vont se multiplier. Le 24 mai, c’est le journaliste et écrivain Lionel Bilgo qui reçoit des intimidations depuis son domicile. « Tout avait bien commencé hier [24 mai] par une matinée paisible à faire de la lecture et voilà que j’entends sonner par trois reprises à ma porte. En ouvrant la porte je n’ai vu personne. Plus tard en sortant de chez moi je trouve cette belle cartouche soigneusement posée face à ma porte. Elle était bien visible et impossible à louper.

Sur conseil de plusieurs proches j’ai amené la cartouche à la police pour dépôt de munitions et c’est ainsi que je découvre qu’elle se loge dans le ventre d’une arme de type kalachnikov. » a-t-il relayé sur sa page Facebook. Lui, qui est connu pour ses analyses peu partagées par certaines classes politiques, raconte qu’il n’était pas à sa première scène. « Ce dernier fait vient compléter une liste de faits (menaces téléphoniques, souillure devant mon bureau…) orientés vers ma personne depuis un certain temps. » a-t-il précisé.

Le Collectif syndical CGT-B a appelé à la vigilance, après avoir condamné ces actes.

D’autres méthodes…

Le 10 novembre 2020, le journaliste, Ladji Bama est une fois de plus victime. Cette fois-ci, ce n’est pas sa voiture qui est vandalisée, mais qui reçoit un projectile (probablement une balle) au niveau de la vitre, côté passager, la place qu’il occupait, a rapporté le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP). A en croire la victime, il revenait de Dori où il a co-animé une conférence sur la corruption électorale.

Dans la nuit du 27 au 28 novembre 2020, des menaces de mort ont été proférées à l’endroit de Sidiki Dramé, le Secrétaire général (SG) du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC). En ce jour, notre confrère a découvert un tag sur son portail avec le message suivant : « Je viendra se soir pour vous tue ». Cinq jours plus tard, c’est-à-dire le 2 décembre 2020, le domicile du journaliste de la RTB/Radio, Séry Baoula a essuyé des tirs de balles laissant des impacts visibles.

« L’Etat face à son devoir… »

Qui en voudrait autant aux journalistes ? Face à ces menaces qui se multiplient, le Centre national de presse Norbert tire la sonnette d’alarme. « Sans préjuger des auteurs de ces intimidations, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) mettent l’Etat face à son devoir de protection de l’ensemble des citoyens de ce pays, et particulièrement les journalistes, les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, ainsi que les défenseurs des droits humains, eux qui consentent d’énormes sacrifices pour concourir à la protection des droits des populations des villes et des campagnes. »

Au cours de cette même année, le Burkina Faso a perdu deux places au classement mondial de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse. De 36e en 2019, le Pays des Hommes est devenu 28e en 2020.

Même si ces intimidations et menaces de mort ne sont pas la conséquence directe du classement du RSF, cela vient montrer une fois de plus que 2020 a été une année de recul de la liberté de la presse pour le Burkina Faso. Avec ces faits, les journalistes se demandent de quoi sera fait 2021…

Cryspin Masneang Laoundiki

Lefaso.net

Crédit photo : La Voix du juriste

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