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Yacouba Traoré dit Maier, ancien entraineur des gardiens de buts des Etalons : « De 1998 à nos jours, Ibrahima Diarra est le gardien de buts le plus complet de l’équipe nationale »

Il n’est plus à présenter dans le milieu du football burkinabè. Traoré Yacouba, à l’état civil, il est surnommé Maier, (du nom du portier allemand, Sepp Maier, des années 1970) par certains amoureux du football. De Bobo-Dioulasso à Ouagadougou, il s’est imposé comme le gardien de buts incontournable des clubs dans lesquels il est passé. Même à l’équipe nationale. Entraineur des gardiens de buts des Etalons pendant plusieurs années, il est aujourd’hui promoteur d’une école de formation de gardiens baptisée « L’Envolée ». Dans cette interview, il parle des ambitions de son école, de son parcours en tant que sportif et entraineur à l’équipe nationale. Selon lui, Ibrahima Diarra, gardien de buts à la CAN 1998 organisée par le Burkina Fsao, est le portier le plus complet des Etalons de 1998 à nos jours. Lisez !

Lefaso.net : Vous avez eu un long parcours dans le milieu footballistique burkinabè, pouvez-vous nous en parler ?

Yacouba Traoré dit Maier : J’ai commencé à jouer au football, comme beaucoup de jeunes de mon temps, au quartier Sikasso Sira de Bobo-Dioulasso. J’ai, par la suite, joué dans les catégories minimes, cadettes, juniors, espoirs et séniors de Jeunesse. A l’époque, presque tous les clubs de Bobo avaient toutes ces catégories parce que l’organisation le leur imposait. J’ai aussi joué à l’OSEP.

Après trois ou quatre ans à Jeunesse, je suis allé à l’ASFB avant de venir à l’Etoile filante de Ouagadougou où j’ai passé huit ans. Je faisais parallèlement des études en éducation physique à l’INJEPS. Après l’EFO, j’ai joué au Kadiogo, sous la Révolution, pour ensuite évoluer à l’équipe nationale. J’étais, entre autres, avec Laurent Ouédraogo et bien d’autres joueurs.

Vous avez aujourd’hui une école de formation de gardiens de buts. Pourquoi avoir choisi de former uniquement des gardiens de buts ?

Quand j’étais encore jeune, j’ai eu la chance de rencontrer des gens, comme Sidiki Diarra (gardien de buts puis entraineur des Etalons, décédé le 26 juin 2014), qui avaient des connaissances dans le métier de gardiens. Il y avait aussi un ami de mon oncle qui était à Bordeaux et qui suivait les entrainements de Dominique Dropsy à l’époque. Il me formait pendant les vacances. J’ai donc évolué dans ces conditions. C’est donc parce que je suis passé par une école de sports, j’ai eu la chance d’être encadré et je connais l’environnement des équipes, je me suis dit que, comme les gardiens sont les parents pauvres des équipes, pourquoi ne pas créer un cadre afin de permettre à ceux qui le désirent de vivre leur passion ? C’est ce qui m’a poussé à créer cette école.

Quel bilan faites-vous du fonctionnement de l’école ?

Lorsque nous avons créé l’école, nous avons organisé des stages de formation qui ont eu du succès. Au moins une cinquantaine de gardiens de buts sont passés par « l’Envolée ». Certains évoluent dans le championnat burkinabè et d’autres sont à l’extérieur comme Mamadou Kanté qui est en Arabie Saoudite.

Le plan est de pérenniser les stages et faire en sorte que les formations durent d’octobre à juillet ou août. J’ai donc conçu des programmes de formation adaptés à nos réalités parce qu’on ne dispose pas de beaucoup de matériels comme en Europe.

L’objectif de l’école est de travailler sous l’angle professionnel. Tout ce que nous allons faire, ce sera sous l’angle du professionnalisme. C’est pourquoi selon nous, au-delà de la passion, il y a le métier. Il faut que les gens qui vont évoluer comme gardiens de buts puissent vivre de la profession. Cela va leur éviter d’être des nécessiteux dans la société.

Séance d’entraînement avec de jeunes gardiens de buts

Qu’est-ce qu’on enseigne à l’école du gardien ?

Pour devenir un gardien, on doit passer par plusieurs niveaux de formation. Nous avons quatre niveaux de formation. Chaque niveau a des modules. Pour le premier niveau, nous avons par exemple l’apprentissage tactique, l’apprentissage technique, l’apprentissage physique et l’apprentissage psychologique. Pour les autres niveaux, nous avons l’initiation, la préformation, la formation et l’entrainement.

Ceux qui sont au cycle de l’entrainement sont aptes pour les compétitions où ils pourront acquérir l’expérience et pourront se créer une personnalité. Les atouts d’un gardien de buts sont essentiellement le courage, la détermination, le sang-froid. Nous enseignons aussi la maitrise de l’environnement. Il s’agit de savoir si le gardien est suffisamment intégré dans le groupe, est-ce qu’on ne lui demande pas beaucoup de travail.

Le gardien de buts est celui à qui la loi autorise à utiliser les mains dans sa surface de réparation. En faisant usage de ses mains, le gardien pose des gestes défensifs. Ce qui est déjà important pour l’apprenant. En plus de cela, nous montrons aux enfants, les mauvaises et les bonnes prises de balles. C’est tout cela que nous enseignons aux jeunes.

Combien d’élèves compte votre école et d’où viennent-ils ?

Je conseille généralement aux clubs d’inscrire leurs jeunes gardiens chez nous parce que nous sommes comme un relai dans la formation des gardiens de buts. Nous avons actuellement 20 élèves qui viennent presque tous des clubs. Nous les avons, à l’issue d’un test, classés dans les différentes catégories. La formation dure trois ans mais au Burkina Faso lorsque les jeunes savent attraper le ballon, ils sont coptés par les clubs.

Durant ces vingt dernières années, quelles sont les faiblesses des gardiens de buts de l’équipe nationale ?

Il faut revoir la formation de nos gardiens de buts. Parce que l’objectif n’est pas de les former uniquement pour le Burkina mais il faut les préparer pour le haut niveau de sorte à ce que s’ils se retrouvent hors du Burkina, qu’ils puissent s’en sortir. Lorsqu’on regarde nos gardiens jouer, ils n’ont que trois formes de déplacement alors que le gardien professionnel en a normalement six. C’est pourquoi certains ont des problèmes sur les balles aériennes. Le gardien de buts doit être un atout pour son équipe en fonction des objectifs de cette dernière.


De 1998 à nos jours, nous avons eu Ibrahima Diarra, Abdoulaye Soulama, Daouda Diakité, Hervé Koffi, Babayouré Sawadogo, qui de ces gardiens est le plus complet ?

J’ai eu la chance d’entrainer tous ces gardiens. J’ai pu observer que chacun a ses qualités. Mais parmi tous ceux que vous avez cités, je dirai probablement qu’Ibrahim Diarra était le plus complet. Mais Hervé Koffi est en train de se performer davantage. Je l’ai entrainé avec les locaux et je m’étais même battu en son temps pour qu’il joue des matchs internationaux parce qu’il en avait besoin.

Peut-être l’une des erreurs qui ont été commises c’est de l’avoir envoyé tôt en Europe. Parce que, lorsque vous arrivez en Europe, à moins de venir avec la casquette de gardien titulaire, ce n’est pas évident. Il existe un système d’organisation, l’entraineur des gardiens a déjà ses gardiens, lorsque vous n’êtes pas super fort, ce n’est pas évident. Mais s’il continue sa progression, il pourra s’en sortir. Sa venue en Europe pourra lui faire connaitre les exigences du haut niveau et l’amener à plus travailler. Il pourra faire partie des meilleurs gardiens d’Afrique à l’avenir.

Pour finir, je voudrais demander aux clubs de nous aider en sensibilisant leurs jeunes gardiens à venir travailler. S’ils trouvent que leurs jeunes gardiens ont du talent et qu’ils ont besoin de se perfectionner, ils peuvent nous les envoyer et nous ferons le reste.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

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