Organisation mondiale du commerce : La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala devient la première femme à diriger l’institution
Agée de 66 ans, la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est la première femme à la tête de l’OMC, en plus d’être la première dirigeante originaire d’Afrique. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a confirmé ce lundi 15 février 2021 le choix de sa personne à la tête de l’institution. Economiste de formation, elle a occupé plusieurs postes ministériels au Nigéria et passé 25 ans comme directrice à de la Banque mondiale. En prenant les rênes de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala aura fort à faire dans un contexte mondial de crise économique et de crise de confiance dans l’organisation.
Ngozi Okonjo-Iweala est née le 13 juin 1954 à Ogwashi-Ukwu, dans le delta du Niger. A 19 ans, elle s’envole pour les Etats-Unis où elle effectue des études supérieures dans deux des universités américaines les plus prestigieuses que sont Harvard et le Massachusetts Institute of Technology. Elle en ressort docteure en économie. En 1982, Dr Ngozi Okonjo-Iweala intègre la Banque mondiale où elle suit sur le terrain les projets financés par cet organisme avant de devenir secrétaire du Conseil d’administration de l’institution.
En 2003, le président nigérian Olusegun Obasanjo lui confie le poste de ministre des Finances, soit la première femme à occuper ce poste dans son pays. Sous sa direction, des entreprises industrielles publiques sont privatisées et une concurrence se développe dans les télécommunications. Elle lutte contre la corruption, publiant les recettes de l’industrie pétrolière ainsi que les sommes versées aux collectivités locales pour que « l’argent du pétrole aille dans les écoles et les hôpitaux plutôt que dans les poches de quelques-uns ».
Elle consacre également son énergie à réduire et à renégocier la dette publique de son pays et parvient à faire effacer trois quarts de la dette du Nigéria, soit 30 milliards de dollars. Dr Okonjo-Iweala occupera ensuite en 2006, le poste de ministre des Affaires étrangères pendant deux mois, avant d’être rappelée en 2007 par la Banque mondiale pour y occuper le poste de directrice générale. Entre-temps, elle est de nouveau ministre des Finances, de 2011 à 2015.
En septembre 2015, quittant le gouvernement, elle devient présidente du Conseil d’administration de GAVI Alliance, une organisation favorisant l’accès à la vaccination en Afrique. Ngozi Okonjo-Iweala est coprésidente de la Global Commission for the Economy and Climate, avec Nicholas Stern et Paul Polman. Elle est également présidente du Conseil d’administration de l’Institution Nelson Mandela, un organisme-cadre des Instituts africains des sciences et de la technologie, présidente du Conseil d’administration de l’université africaine des sciences et de la technologie d’Abuja et administrateur de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, de nombreux défis à relever
Même si elle n’est pas spécialiste du commerce, plusieurs économistes soutiennent que la nouvelle directrice générale de l’OMC est une femme politique d’expérience capable de faire bouger les choses. Toutefois, la tâche s’annonce ardue pour Ngozi Okonjo-Iweala. En effet, elle arrive à un moment où les répercussions de la crise sanitaire sur l’économie mondiale sont indéniables. Elle a affirmé dans les colonnes du magazine américain Foreign Affairs, que la montée des protectionnismes et du nationalisme à travers le monde s’est accentuée avec la crise et les barrières devrait être abaissée pour relancer l’économie.
De plus, Ngozi Okonjo-Iweala fait son entrée à l’OMC après que les États-Unis, sous Donald Trump, ont déclaré la guerre commerciale à presque tout le monde, notamment à la Chine, et ont complètement bloqué depuis un an le tribunal d’appel de l’OMC en y empêchant la nomination de juges, relève le média d’information La Croix. Le média poursuit son analyse en affirmant que « l’OMC a été incapable depuis 20 ans de trouver un consensus qui lui permettrait de tenir sa promesse faite à Doha de mieux tenir compte des enjeux propres aux pays en développement.
Cette impasse condamne ses membres à appliquer un code de conduite largement établi à l’époque où il s’appelait encore le GATT (pour Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, en anglais) et où les principaux enjeux commerciaux n’étaient pas la coopération réglementaire, le commerce électronique, l’investissement étranger et encore moins la lutte contre les changements climatiques ou le respect de normes minimales du travail ». Certains experts du commerce jugent les règles de l’OMC archaïques car élaborées à un moment où internet n’existait pas.
Aussi, l’OMC est aussi dite coutumière des blocages dûs au fait que le consensus soit le mode de décision, ce qui engendre de nombreux statu quo dont certains pays, comme l’Inde ou la Chine profitent.
En rappel, l’OMC compte 164 États membres et poursuit deux objectifs principaux notamment administrer un système mondial de règles commerciales et garantir le règlement des conflits entre ses membres.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net