La chronique judiciaire du samedi : Le commando de la terreur

Ils vivent dans une autre dimension. Ils ont été convaincus par leur dogme. Et ils l’appliquent rigoureusement. Sans état d’âme. L’assistance du Tribunal de grande instance de Ouaga II avait le sang glacé en écoutant leur récit.

Repentants ? Non. Regrets ? Pas du tout. Le regard fixe, sans état d’âme, les deux présumés terroristes n’ont pas nié fondamentalement les faits. Au contraire. Ils assument. Presque fiers. D’où peut-être que le jugement a été expéditif et que la peine maximale requise par le parquet a été cautionnée par le tribunal, ce 10 août 2021. La première condamnation de terroriste par une juridiction au Burkina Faso.

Les faits

Le 2 mai 2018, un Commando de 6 personnes débarque à l’école primaire de Bafina, localité de Barsalogho dans la région du Centre-Nord. Après avoir incendié l’école, ils sont partis avec deux motocyclettes, du numéraire et des téléphones portables.

Dans leur retrait, deux des leurs seront arrêtés par un groupe d’auto-défense communément appelé Koglweogo. Ce mardi 10 août 2021,  ils ont été présentés devant le juge.

Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, détention illégale d’arme à feu, destruction volontaire de biens et vol aggravé. Ce sont là les faits retenus contre N.A. et D.A.A, qui ont reconnu, ce mardi 10 août être membres du groupe terroriste Ansarul Islam de Malam Dicko.

Les deux prévenus, comparaissant à la barre sans conseil, ont reconnu leur participation lors de l’attaque de l’école primaire de Bafina tout en niant l’infraction liée au vol. « Dans notre religion, lors d’un combat, le vainqueur emporte les biens du vaincu », narre l’accusé N.A. dans son boubou blanc. Selon les accusés, ils attaquent les symboles de l’État parce que « tout ce qui appartient à l’Etat, c’est pour nous », disent-ils.

Dans le développement de l’affaire, il est ressorti que la mission pour laquelle les deux acolytes ont été appréhendés avait pour visée d’en découdre avec le groupe d’auto-défense Koglweogo de Guimbila dans la zone de Barsalogho. N’ayant pas trouvé leur cible, le chef du groupe Commando a donc décidé de s’en prendre à l’école primaire de Bafina afin de contraindre l’Etat Burkinabè à appliquer la charia. « L’école ne fait pas partie de notre religion », justifie D.A.A.

20 ans de prison 

A la suite des débats, le parquet a requis contre les deux accusés, une peine ferme de 20 ans assortie d’une période de sûreté de 15 ans et la confiscation des armes qui avaient été récupérées lors de leur arrestation. En dernier ressort, le tribunal a décidé de suivre le parquet dans sa réquisition. Les deux terroristes sont donc condamnés à 20 ans de prison ferme avec une peine de sûreté de 15 ans. Une peine à laquelle ils ne s’attendaient pas, convaincus qu’ils allaient rapidement rejoindre la plus que soixantaine vierges demoiselles qui leurs sont promises au paradis.  

Le directeur de l’école de Bafina ainsi qu’une enseignante, victimes et parties civiles, seront indemnisés par les coupables à hauteur de près de 3 millions de FCFA pour le directeur et près de 800.000 FCFA pour l’enseignante.

Faso7

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