La victoire de la patience
La providence est parfois interpellatrice. Elle se révèle aux Hommes et leur sert une dose de leçon. Le 11 octobre 2021, ceux qui, 34 ans plus tôt, se réjouissaient d’avoir mis fin à la Révolution au Burkina, devront répondre de leurs actes devant la justice. A cette date, les 14 prévenus dans l’assassinat de l’ancien Président du Faso, Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, vont commencer à défiler à la barre, sauf changement de dernière minute. Le temps est et restera toujours maître du jeu des Hommes. Il va à son rythme, contribue à dérouler des histoires, bonnes ou mauvaises. Mais rien ne peut l’arrêter. On a tous en mémoire cette belle métaphore « Oh temps suspend ton envol ». Le temps ne changera rien à son allure vers l’infini.
La communauté internationale aura les yeux braqués sur le Burkina, le 11 octobre prochain. La justice prendra ses responsabilités. Ceux qui en doutent, n’ont qu’à se rappeler que c’est un digne fils du Burkina, le juge Gberdao Gustave Kam, que la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, avait nommé pour présider la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires. Celui-ci avait conduit avec succès, pendant dix mois, le procès de l’ex-Président tchadien, Hissène Habré, au Sénégal. Il y a quelques semaines, au Burkina, la justice a rendu des verdicts dans le procès de présumés terroristes. Ils ont comparu comme tout accusé, dans le respect de leurs droits. Quelle preuve faut-il encore exhiber pour convaincre que le Burkina est un Etat de droit ? C’est dans cet environnement juridique que les « vainqueurs » de la date fatidique du 15 octobre 1987 se retrouveront pour affronter la justice de leur pays. Le procès Sankara est dans le fond, une victoire de la résilience et de la patience. Qui l’eût cru ? Qui aurait pu imaginer qu’un jour, les Burkinabè et la communauté internationale verront défiler à la barre des témoins ou présumés commanditaires de l’assassinat de Thomas Sankara. Dans ce procès, on le présume, tout sera mis en œuvre pour que personne ne soit lésé. Le pays des Hommes intègres joue encore dans la cour des grandes Nations qui savent s’assumer en toute circonstance. Les Burkinabè sont donc tout ouïe, pour cet autre jour historique qui s’annonce.
Ce sera assurément des moments de souvenirs de Thomas Sankara et de ses compagnons. Eux qui, un an après la nuit historique du 4 août 1983, avaient rebaptisé la Haute-Volta, Burkina Faso, pays des Hommes intègres. Un nom qui colle à son porteur comme l’écorce à l’arbre. De la Haute-Volta au Burkina Faso, le monde entier découvrait ce pays qu’un certain René Dumont avait voulu morcelé en 1932, parce «qu’invivable ». Ce fut une erreur de jugement. Ce pays-là allait sonner le réveil du tiers-monde, allant jusqu’à se faire des amis dans des Etats décrits comme « impérialistes ». Mais le mythe de Cronos n’a pas tardé à s’abattre sur le Burkina. Alors, qu’est-ce qui a amené certains de ses fils à assassiner le père de la Révolution ? Le procès Thomas-Sankara est très attendu par les Burkinabè qui veulent connaître la vérité sur la tragédie du Conseil de l’Entente. Par Mahamadi TIEGNA mahamaditiegna@yahoo.fr
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