Covid-19 et malnutrition : Le Burkina Faso entre le marteau et l’enclume

Depuis 2015, le Burkina Faso connait une insécurité croissante. Cette insécurité a causé des mouvements massifs de populations. Plus d’un million de personnes déplacées internes, comptées en mi-2021, selon le gouvernement. Malgré la crise sécuritaire qui sévit dans le pays, vient s’ajouter la pandémie de la Covid-19 dont le premier cas a été détecté le 9 mars 2020. Des mesures ont été prises par le gouvernement pour freiner la pandémie. Il s’agit entre autres de la fermeture des frontières, des lieux de culte, les marchés et momentanément les écoles et universités. Ces mesures ont entrainé des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et du commerce et l’accès des populations aux aliments de premières nécessités.

A la date du 25 Aout 2021, le Burkina Faso enregistrait 13.754 cas confirmés de Covid-19 avec 171 cas de décès. Avec la pandémie de la Covid-19 au Burkina Faso, 2.1 millions de personnes selon les estimations de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), ont été en insécurité alimentaire pendant la période de juin 2020 (cadre harmonise, mars 2020). Selon un rapport de l’ONU, la faim a atteint près de 1601 millions de personnes dans le monde en 2020. Plus de 2,3 milliards de personnes ; 30 % de la population mondiale n’avaient pas accès toute l’année à une alimentation adéquate.

Les enfants sont les plus touchés avec plus de 149 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance ou sont trop petits pour leur âge, ce qui peut avoir des conséquences à vie. Pendant ce temps, pour 10 hommes en situation d’insécurité alimentaire, il y avait 11 femmes en situation d’insécurité alimentaire, selon le rapport, contre 10,6 femmes en 2019. Cette augmentation est due à la Covid-19. Près de 811 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2020, soit près d’un dixième de la population mondiale et e Burkina Faso n’y échappe pas.

Face à cette situation, des mesures sociales estimées à 76 milliards de F CFA ont été prises par le Gouvernement du Burkina Faso pour soulager les populations en difficulté. Quatre types de mesures ont été mises en place. Il s’agit des mesures de protection et de prévention de la propagation du virus ; de la réalisation d’une étude d’analyse macroéconomique de l’impact de la covid-19 ; des mesures de mitigation et la formulation d’un plan de riposte.

Malheureusement, certaines mesures mises en place ont impacté la vie économique, sociale et politique du pays. Il y a la réduction considérable des revenus ainsi que de la production agropastorale en raison des opportunités d’emploi limitées et de l’accès réduit aux champs et aux intrants agropastoraux. La perturbation du transport et de l’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires, l’augmentation potentielle des prix des denrées alimentaires. Il y a aussi la perturbation des activités des marchés agricoles, et la dégradation des petits commerces informels des femmes en raison des mesures de distanciation physique et de la fermeture des marchés.

La fermeture prolongée des marchés et des frontières a limité l’approvisionnement des ménages urbains en dépit des stocks disponibles dans le pays. Un constat fait par Programme Alimentaire Mondial (PAM) le 30 mars 2020 lors de l’analyse rapide de l’impact de la Covid-19 et des mesures de restriction sur la sécurité alimentaire des ménages.

A titre illustratif, une baisse du niveau d’approvisionnement en raison des difficultés et des contraintes rencontrées par les transporteurs a déjà été enregistrée. Ainsi, à l’exception des commerçants des provinces du Seno, du Soum, du Yagha et du Yatenga, tous les commerçants ont estimé que les mesures prises en raison de la pandémie et les informations relayées ont entrainé des perturbations importantes sur les marchés.

La pandémie a aussi entraîné de fortes perturbations sur les activités agropastorales pendant une période cruciale (de mars à juillet 2020). Durant cette période, les agriculteurs ont besoin d’accéder aux intrants, aux champs et aux marchés pour préparer la saison agricole 2020/21.

Malheureusement, il est difficile d’assurer un démarrage normal de la saison agricole pendant ce temps tandis que les agents gouvernementaux et non gouvernementaux ont déjà des difficultés à assurer le soutien habituel. De plus, les éleveurs de bétails qui effectuent la transhumance à travers la région durant cette période rencontrent des difficultés de déplacement et d’accès aux pâturages et à l’eau pour leur bétail. Cela entraînant une forte décapitalisation du bétail à moyen terme et aggravant ainsi l’insécurité alimentaire pour 2021.

La fermeture des frontières a occasionné le développement de certaines maladies animales, en particulier dans les zones transfrontalières fermées aux marchés de bétail réduisant ainsi l’offre de protéines animales (viande, lait) pour les communautés. Cela appauvrit les pasteurs et leurs familles, conduisant à une crise alimentaire et nutritionnelle.

L’impact de la maladie à coronavirus sur la nutrition est plausible au Burkina Faso. Mais au fur et à mesure que la situation sanitaire s’améliorait, le gouvernement du Burkina Faso a réduit les différentes restrictions. Tout semble revenir à la normal, mais le pays est toujours confronté à une crise sécuritaire qui, rappelons-le a provoqué la mort de plus d’un millier de personnes et le déplacement de plus d’un million de citoyens. Un autre coup dur pour la nutrition.

Dahmata IlBOUDO

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