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Procès Thomas Sankara et compagnons : Les déclarations « farfelues » de l’accusé Bossobé Traoré

L’audience du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses douze compagnons s’est poursuivie, le mardi 2 novembre 2021, à Ouagadougou au Tribunal militaire délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Nabosseouindé Ouédraogo et Bossobé Traoré étaient à la barre, tour à tour, pour s’expliquer des faits à eux reprochés.

Accusé des faits de complicité d’assassinat et de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat dans le dossier Thomas Sankara et de ses douze compagnons, l’interrogatoire de l’accusé Nabonsseouindé Ouédraogo, s’est poursuivi, le mardi 2 novembre 2021, à Ouagadougou, au Tribunal militaire délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Agé de 27 ans et soldat de première classe à l’époque, il a nié les faits qui lui sont reprochés. Selon lui, le 15 octobre 1987, il était de garde au poste 520 au pied-à-terre du capitaine Blaise Compaoré.

Et entre 15h30 et 16h, Hyacinthe Kafando et quelques éléments sont venus monter au premier niveau du bâtiment gardé au Conseil de l’Entente. En redescendant, a-t-il expliqué, le chef du commando lui a fait signe de main de venir les rejoindre. Demande à laquelle, il a refusé d’obtempérer puisque ne comprenant pas le geste. C’est après leur départ, fait savoir, qu’il a entendu des coups de feu du côté du secrétariat du Conseil.

Lorsque les coups de feu ont été tirés, l’accusé a indiqué qu’il s’est mis à l’abri avec les deux autres éléments qui assuraient la garde du bâtiment dans des bassins d’où ils ont passé la nuit sans dormir. Il a dit avoir quitté son lieu de cachette le lendemain vers 9h pour rejoindre plus tard le domicile de Blaise Compaoré à Koulouba. « Pourquoi attendre autant de temps sans chercher à comprendre ce qui s’est passé ? », a demandé un avocat de la partie civile, Me Ferdinand N’Zepa.

« En tant que soldat, ce n’est pas mon rôle d’aller voir ce qui se passait. Si je partais et que quelque chose m’arrivait, c’était mon problème », a-t-il répondu. A cette réponse, un autre avocat de la partie civile, Me Prosper Farama a relevé qu’il comprend que c’est une stratégie de défense que l’accusé a adoptée avant de poser une série de questions portant sur l’arrivée du commando, l’attitude adoptée après les coups de feu, comment il a appris la mort de Sankara et compagnons, etc. « Vous essayez de vous défendre, mais votre défense est bancale. De toutes les façons, des témoins viendront expliquer ce qui s’est passé », a-t-il averti après les réponses de Nabonsseouindé Ouédraogo.

Des « balivernes » selon la défense

A son tour, le parquet militaire après une série de questions-réponses a aussi noté que l’inculpé n’est pas logique dans ses déclarations. « Nous sommes encore plus confus et perdus avec les déclarations de M. Ouédraogo. Il n’a cessé de revenir sur ce qu’il a déjà dit. Ses déclarations et celles de Idrissa Sawadogo sont diamétralement opposées. Ses déclarations sont les plus floues qu’on ait entendues depuis le matin », a soutenu la procureure militaire.

Le conseil de l’accusé, Me Mamadou Sombié, n’est pas de cet avis. Pour lui, il a entendu des « balivernes ». « Tout ce que j’ai entendu, c’est de l’à peu près. Il n’y a pas de preuve », a-t-il signifié en ajoutant que l’enquête a été « mal ficelée ». Pour lui, après le 15 octobre, son client n’a bénéficié d’aucune récompense et aujourd’hui, il a deux regrets. Il s’agit du décès de ses deux compagnons de garde et de l’absence de Hyacinthe Kafando à la barre. Après Nabonsseouindé Ouédraogo, Bossobé Traoré a été appelé à la barre par le président de la Chambre de jugement, Urbain Méda.

Caporal au moment des faits, il était âgé de 32 ans. Père de sept enfants, M. Traoré est accusé des faits de complicité d’assassinat et de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. « Reconnaissez-vous les faits ? ». A cette interrogation du président Méda, l’accusé répond : « Je suis à la barre pour expliquer ce qui s’est passé ce jour-là ». Dans sa version des faits, il a déclaré que le 15 octobre, il faisait partie du groupe qui devait assurer la sécurité du président Sankara. Vers 15h, a-t-il expliqué, ils ont quitté le palais avec le président en allant à la présidence avant de rejoindre le conseil en passant par le building Lamizana.

Des déclarations « assez farfelues »

Au Conseil, à l’en croire, un dispositif de sécurité a été mis en place. Der Somda, Abdoulaye Gouem et lui ont occupé une position où Arzouma Ouédraogo dit Otis est venu causer avec eux alors qu’il avait caché une arme à pompe dans les fleurs. « Comment le commando est-il arrivé ? », a demandé le président.

« C’est une 504 blanche qui est venue du pied-à-terre de Blaise Compaoré vers le secrétariat juste derrière où nous étions », a-t-il répondu en relevant que les occupants étaient cagoulés. « Et qu’est-ce que les occupants vous ont dit ? », a interrogé Urbain Méda. « Les mains en l’air et sortez par-là, leur ont-ils crié en leur exigeant de se coucher à plat ventre ». Un autre véhicule est venu d’une autre direction et les coups de feu ont commencé au lieu de la rencontre.

Selon les propos de Traoré Bossobé, Otis a pris son arme cachée et a tiré mortellement sur Der Somda, Abdoulaye Gouem et le blessant au bras. Blessé, il s’est enfui en criant au secours. Pour les avocats de la partie civile, ces déclarations sont « assez farfelues ». « Nous avons une conviction. On lui a posé des questions auxquelles il a répondu tant bien que mal », a indiqué Me Ferdinand N’Zepa en précisant qu’il y a quelque chose de « bizarre ». La défense de l’accusé promet de mieux s’expliquer lorsqu’elle prendra la parole.

« Ce que je retiens de ce que la partie civile dit, le seul tort de mon client, c’est d’avoir survécu », a souligné le conseil de l’accusé, Me Maria Kanyili. Suspendu autour de 16h10, l’interrogatoire de Bossobé Traoré se poursuit, le mercredi 3 novembre 2021 avec la suite des questions de la partie civile suivie de celles de la défense.

Timothée SOME

timothesom@yahoo.fr

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