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Affaire Thomas Sankara : » Je ne comprenais pas trop ce qui se passait » Caporal Bassobé Traoré

Le tribunal militaire a encore pris place ce 2 novembre 2021, dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara et ses Compagnons du 15 octobre 1987.  Accusé de complicité à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat sur la personne de Thomas Sankara et compagnons, Bossobé Traoré, caporal à l’époque, membre de la garde rapprochée du président Sankara, été appelé à la barre.

L’accusé Bossobé Traoré, garde rapproché mis au service de Thomas Sankara, est né en 1955 à Nouna, père de 7 enfants, militaire à la retraite avec le grade de sergent a été blessé dans le cours du conseil de l’entente par un de ses frères d’armes, Arzouma Ouedraogo, dit « Otis », quelques minutes, avant l’ouverture du feu, sur le capitaine Sankara et compagnons.

 » Moi, je suis à la barre pour expliquer ce qui s’est passé. Ce matin-là, nous sommes venus remplacer les autres gardes. Quelques temps après, ils nous ont informé que l’aide du camp a dit que nous n’irons plus à la présidence.

A 13h, le président Thomas Sankara est descendu prendre la voiture, et nous, comme ses gardes, on l’a suivi pour se rendre à la présidence. Pendant un bout de temps, on est resté au dehors, puis on nous a informé de repartir se préparer pour le sport de mass.

Ensuite, le patron est réparti au conseil. On ne savait pas qu’il y avait une réunion là-bas. La hiérarchie, Laurent Ilboudo avait placé Der Somda à la porte, Issoufou Sawadogo vers un côté ; il ne restait que nous trois pour qu’on vienne les relever après. Après Der Somda est venu nous dire que quelques part, certains des nôtres ont frappé quelqu’un d’autre. Dans ces discussions, j’ai conseillé en disant que s’ils continuent de faire comme ça, les gens vont dire que c’est parce que nous sommes affectés au service du président que nous agissons ainsi (…).

« Que s’est-il passé ce jour-là, il faut nous l’expliquer », demande le président du tribunal militaire à l’accusé, Bossobé Traoré

« Lorsque la voiture 504 est venue freiner, les gens sont sortis cagoulés et ils ont dit : « Les mains en l’air ! jeter vos pistolets et couchez vous sur le ventre ». On s’est couché, et ils rafalaient, mais c’est Otis qui était avec nous, qui avait caché une arme. Il l’a prise et tiré sur nous, d’abord sur Der Somda, Abdoulaye Gouem et sur mon bras. J’ai couru en criant au secours, il tirait toujours, mais les balles ont pris la porte, je me suis enfui, au dehors vers le CAMES, je suis tombé saignant, et les étudiants sont venus m’aider.

Une femme m’a mis dans le coffre de sa voiture et m’a envoyé à l’hôpital. Après les médecins sont venus me faire le pansement, puis, deux jours après, ils sont venus m’informer qu’ils ne peuvent pas me soigner à moins qu’ils amputent mon bras, qu’il faille m’évacuer. Après 44 jours plus tard, j’étais à l’hôpital militaire en France, mais le bras était pourri. Le 10 décembre, ils ont raclé la peau pourri et ils m’ont traité avec l’aide de l’action sociale française, parce que je n’avais pas d’argent ».

Bossobé Traoré

Après son récit, s’est ouvert le débat général avec des questions de la partie civile, le parquet militaire et la défense. Puis, le président du tribunal a suspendu l’audience , renvoyée pour la journée du 3 novembre 2021.

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