Une équipe de chercheurs burkinabè s’active à mettre au point un bio-insecticide à base d’extraits de feuilles de Calotropis procera ou pommier de Sodome (poussoumpouga en langue mooré) afin de mieux combattre les moustiques qui résistent aux insecticides chimiques. Le Laboratoire du développement du médicament (LADME) de l’université Joseph-Ki-Zerbo, initiateur du projet, a organisé un atelier de lancement, le mardi 21 juin 2022 à Koudougou.
Pr Rasmané Semdé attend les résultats pour concevoir le produit.
Les chercheurs burkinabè ont fait l’amer constat selon lequel, les moustiques ont développé beaucoup de résistances contre les insecticides chimiques. Face à cette triste réalité qui, somme toute, complique davantage la lutte contre le paludisme et la dengue, le Laboratoire du développe-ment du médicament (LADME) de l’université Joseph-Ki-Zerbo (UJKZ) a initié un projet dénommé : « Développement d’un bio-insecticide à longue durée d’action à base d’extrait de feuilles de Calotropis procera contre les vecteurs du paludisme et de la dengue ». Le projet est financé par le Fond national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID). La cérémonie de lancement a eu lieu, le mardi 21 juin 2022 à Koudougou.
L’objectif est de contribuer à la lutte contre le paludisme et la dengue par la mise au point d’un bio-insecticide à longue durée d’action à base de plantes locales. Le directeur adjoint de l’école doctorale sciences et santé de l’université Joseph-Ki-Zerbo, Pr Adama Zida, représentant la directrice générale, a assuré que les résultats de cette recherche « ne vont pas dormir dans les tiroirs ». « Cette fois-ci, nous voulons être concret », a-t-il insisté. D’après lui, le LADME est un laboratoire exemplaire en termes de conception des médicaments. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, cette unité entend fabriquer un produit fini qui sera ensuite mis à la disposition de la population. De l’avis du Pr Zida, au Burkina Faso, on constate une augmentation de l’incidence des résistances des vecteurs du paludisme et de la dengue aux insecticides chimiques. D’où la nécessité, selon lui, de trouver des solutions appropriées de manière à réduire la dépendance à ces substances chimiques. « Les bio-insecticides constituent une alternative efficace, sans danger considérable pour l’environnement », s’est-il justifié. Même son de cloche chez la spécialiste en pharmacie galénique, Dr Hermine Diawara, par ailleurs coordonnatrice du projet. «L’avantage d’utiliser un produit à base de plantes est que cela permet d’avoir beaucoup de composés actifs naturels plus efficaces contre les résistances qu’on observe lorsqu’on utilise les insecticides chimiques », a-t-elle souligné. La durée du projet est de deux ans. Les acteurs chargés de sa mise en œuvre ont discuté des voies et moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs à eux assignés. Pour un franc succès du projet, le laboratoire du médicament travaille en étroite collaboration avec des partenaires que sont le Laboratoire national de santé publique (LNSP), le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP) et l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS). « A la fin du projet, on va mettre au point un prototype de produit utilisable par la population pour lutter contre les vecteurs du paludisme et de la dengue », a relevé Dr Diawara.
Une innovation majeure
A en croire Rasmané Semdé, Pr titulaire de Pharmacie galénique, industrielle et biopharmacie de l’UJKZ, par ailleurs, coordonnateur du Centre d’excellence africain de formation, de recherches et d’expertise en sciences du médicament (LADME/ CEFOREM), si les résultats s’avèrent concluants, ce sera une innovation majeure en matière de lutte contre le paludisme et la dengue au Burkina Faso. Le laboratoire, foi du Pr Semdé, n’attend que les résultats de cette recherche pour concevoir le produit. Il estime d’ailleurs que le seul moyen d’éviter les transmissions, c’est de parvenir à éliminer les gîtes. En ce qui concerne les résistances, il a fait comprendre que les produits bruts à base de plantes ont toujours fait leur preuve. « A l’heure actuelle, quand on est confronté à des problèmes de résistances, on fait des combinaisons. C’est ce que fait la nature. C’est rare qu’il y ait des résistances au niveau des plantes », a-t-il martelé. Au-delà de la valorisation thérapeutique des résultats, Rasmané Semdé y voit une opportunité d’offrir des emplois aux femmes. « Elles seront sollicitées pour la récolte et le séchage des feuilles », a-t-il affirmé. Les parties prenantes se sont réparties les tâches et élaboré un chronogramme. A l’entendre, rendez-vous est pris pour novembre 2023 pour la restitution des résultats.
Ouamtinga Michel ILBOUDO omichel20@gmail.com