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Lutte Syndicale : l’Unité d’Action Syndicale (UAS) commémore la grève du 17 et 18 décembre 1975

L’unité d’action Syndicale (UAS) à travers cette déclaration commémore la grève des 17 et 18 décembre 1975. Elle a permis à l’époque au mouvement syndical de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, de réaliser une action d’envergure qui allait marquer la vie du pays en empêchant la réalisation d’un projet funeste de mise en place d’un parti unique par le régime du Général Sangoulé LAMIZANA.

Camarades militantes et militants,

Travailleuses et travailleurs du Burkina Faso,

En cette fin de décembre 2021, cela fait 46 ans que le mouvement syndical de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, réalisait une action d’envergure qui allait marquer la vie du pays en empêchant la réalisation d’un projet funeste de mise en place d’un parti unique par le régime du Général Sangoulé LAMIZANA.

La commémoration de l’historique grève des 17 et 18 décembre 1975, pour l’approfondissement de la démocratie, le respect des libertés, la lutte contre la corruption et la vie chère s’effectue dans des moments difficiles, de douleur profonde, d’indignation et de révolte, au regard de la situation nationale marquée par l’aggravation de l’insécurité et l’échec de la gouvernance des autorités.

En effet, la question de l’insécurité s’est aggravée d’année en année et a pris des proportions très inquiétantes ces derniers mois. Les populations des régions du Nord, du Centre nord, du Sahel, de l’Est, du Centre-est, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et du Sud-ouest du pays vivent dans une psychose générale avec des menaces permanentes d’attaques terroristes, d’assassinats, d’enlèvements, de pillage, etc. Aujourd’hui, des pans entiers du territoire sont sous contrôle de groupes armés qui imposent leurs lois aux populations. Des villages entiers se sont vidés et d’autres continuent de se vider de leurs habitants. Face à la faillite du système sécuritaire, les populations ont pris l’initiative de mettre en place des structures d’autodéfense. Elles se sont mobilisées à travers des marche-meetings, sur tout le territoire, pour dénoncer l’incapacité du gouvernement à assurer leur sécurité et celle de leurs biens et exprimer leur ras le bol.

Le 26 décembre 2021 est intervenue à Ouahigouya l’inhumation de Soumaïla GANAME alias Ladji Yoro.  Ce leader d’un groupe de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) de la province du Loroum est tombé sous les balles assassines des terroristes le 23 décembre 2021 lors d’une embuscade sur l’axe Titao-Ouahigouya ayant engendré officiellement 41 morts et de nombreux blessés. A cette occasion, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) exprime, une fois de plus, toute sa compassion aux nombreuses victimes du terrorisme, présente aux familles éplorées ses sincères condoléances, souhaite un prompt rétablissement aux blessés et exprime sa solidarité aux millions de personnes déplacées internes.

L’attaque, ce 23 décembre 2021, du convoi civil escorté par le groupe de VDP de Ladji Yoro – symbole de la résistance face aux assauts des groupes terroristes contre la ville de Titao, chef-lieu de la province du Loroum – vient assommer davantage le peuple burkinabè qui ne s’est pas encore remis de l’inexplicable drame de Inata survenu le 14 novembre 2021 et qui a traumatisé les consciences.

L’une des causes fondamentales de l’échec du pouvoir du Président Roch Marc Christian KABORE à lutter efficacement contre l’insécurité et le terrorisme réside dans la piètre qualité de sa gouvernance, faite de nominations de complaisance, d’encouragements de faits de corruption, de vols et de détournements. Des faits que l’UAS n’a eu de cesse de dénoncer à travers ses déclarations et qui font régulièrement la Une de la presse burkinabè.

La crise qui secoue le Burkina Faso se manifeste, entre autres, sur le plan politique par la faillite de toutes les institutions de l’État néocolonial qui se révèle incapable de répondre aux attentes des populations. La complaisance vis-à-vis des fautes de gestion a ainsi gangrené tous les piliers institutionnels de la République, de la Présidence du Faso à l’Assemblée nationale, en passant par les différents ministères et institutions, y compris l’Armée.

Malgré les nombreux changements opérés au niveau des ministères de la Défense et de la Sécurité, ainsi qu’au niveau de l’Etat-major général des Armées, malgré l’accroissement significatif des budgets de la Défense et de la Sécurité, malgré la présence sur le territoire national de forces armées étrangères sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, la situation sécuritaire a atteint un seuil critique.

Camarades,

C’est dans ce contexte national difficile que nous sommes appelés à nous souvenir de l’historique grève des 17 et 18 décembre 1975. Par devoir de mémoire, l’UAS tient à revenir sur les évènements ayant conduit à ce mouvement historique et à rappeler l’action des devanciers et notre devoir de perpétuer cette tradition.

En effet, suite à son coup d’Etat du 08 février 1974, le régime du Général Sangoulé LAMIZANA, après avoir interdit toute activité politique, placé des militaires comme préfets à la tête des départements, annonçait le 29 novembre 1975 la création d’un parti unique appelé le Mouvement National pour le Renouveau (MNR). Pour le régime, le MNR devrait être le « cadre unique pour toutes les activités sociales, culturelles et politiques » et toute indifférence à son égard était perçue comme « une atteinte à la sécurité de l’Etat ».

Dès l’annonce, le mouvement syndical s’est mis en ordre de bataille contre ce projet, avec le soutien des élèves et des étudiants. Les quatre centrales syndicales qui existaient à l’époque (CNTV, CSV, OVSL, USTV) ont convoqué un meeting qui a rassemblé une foule immense à la Bourse du Travail de Ouagadougou le 30 novembre 1975. Le mouvement syndical a ensuite appelé les travailleurs à une grève de 48 heures les 17 et 18 décembre 1975.

Tout comme le meeting, la grève fut un succès immense. Elle fit de Ouagadougou et des autres villes ces jours-là, des villes-mortes et ébranla fortement le Gouvernement du Renouveau National (GRN) qui dut s’auto-dissoudre le 29 janvier 1976.

Cette lutte de 1975 s’inscrit dans les traditions de lutte du mouvement syndical de notre pays qui, malgré le pluralisme qui l’a toujours caractérisé, a toujours su réaliser une unité d’action face aux tentatives répétées des différents pouvoirs de restreindre les libertés ou de remettre en cause les acquis des travailleurs.

Dans la situation actuelle de notre pays, ce rappel est particulièrement important à notre avis pour trois raisons essentielles :

l’unité d’action en cours au Burkina Faso depuis 1999, a conquis d’importants acquis pour le monde du travail, mais aussi pour les différentes couches populaires de notre pays ;le constat de la remise en cause de certains acquis démocratiques et sociaux des travailleurs et des populations ;de nombreux défis se posent aujourd’hui et qui interpellent le mouvement syndical dont le maintien et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales, la précarité des emplois et la stagnation des salaires dans le privé, la crise sécuritaire, la pandémie du coronavirus et l’inflation.  

Camarades,

Le contexte national actuel commande que l’Unité d’Action Syndicale (UAS) se renforce et s’assume dans la préservation, la protection et la promotion des acquis démocratiques arrachés de hautes luttes par les devanciers. En effet, les nombreuses préoccupations du monde du travail et des populations s’aggravent et se multiplient. Elles sont relatives notamment :

à l’insécurité grandissante ;à la perte d’une bonne partie du territoire national désormais sous contrôle de groupes armés qui imposent leurs lois aux populations ;à la remise en cause des acquis démocratiques et sociaux ;à la persistance de la maladie à coronavirus ;au développement de la corruption du fait de l’impunité ;à la prise de mesures rognant le pouvoir d’achat des travailleurs (augmentation des prix des hydrocarbures, taxe de résidence amputées illégalement sur les salaires des fonctionnaires, nouvelle taxe sur les véhicules, volonté de mise en place de l’assurance-maladie sans une information adéquate et une adhésion des travailleurs, remise en cause des protocoles d’accord, …) ;à la lenteur dans la finalisation de la relecture de la loi 028 portant Code du Travail au Burkina Faso ;etc.

En cette fin d’année 2021, les secrétaires généraux exhortent les travailleurs à aborder les fêtes de fin d’année avec retenue et responsabilité, à envisager l’année nouvelle avec encore plus de détermination et d’engagement pour la défense de leurs droits démocratiques et sociaux, pour la lutte contre la corruption, la fraude et l’impunité.

Vive les dates historiques des 17 et 18 décembre 1975 !

Vive l’unité de lutte des travailleurs !

Ouagadougou, le 29 décembre 2021

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